Dans le contexte de la campagne mondiale contre les violences sexistes et sexuelles, l'Union d'action féminine (UAF) du Maroc qui participe activement à cet évènement de prévention contre les violences basées sur le genre. L'UAF a présenté son rapport annuel sur les incidents de violence envers les femmes et les filles, ainsi que sur le réseau des centres de secours, dans le cadre de la Campagne des Nations Unies et nationale pour l'élimination de la violence envers les femmes et les filles, qui se déroule du 25 novembre au 10 décembre. Le rapport dont Hespress détient copie offre l'occasion de réfléchir sur l'étendue des violences faites aux femmes au Maroc et d'évaluer l'efficacité des politiques publiques visant à les combattre. Cette année, la campagne adopte le slogan « Unissons-nous pour prévenir la violence envers les femmes et les filles ». Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé les gouvernements en les incitant à investir dans la prévention, à soutenir des lois égalitaires, et à lutter contre toutes les formes de discrimination et de violence basée sur le genre. Le rapport de l'UAF révèle que les centres de secours de Rabat, Casablanca, Tanger, Kénitra, Agadir, Marrakech, Errachidia et Meknès ont traité un total de 2 839 cas de femmes battues. Il met en lumière la situation précaire des femmes, en particulier dans le contexte des relations conjugales, en se basant sur six indicateurs clés issus des témoignages recueillis dans les centres d'aide de l'UAF. Selon le graphique inclus dans le rapport, la violence urbaine représente 63 % des cas, suivie de la violence semi-urbaine (30 %) et de la violence rurale (7 %). Cependant, cette répartition est relative, car elle peut s'expliquer par une diminution réelle de la violence en zone rurale ou par un accès limité aux services d'écoute et de signalement dans ces régions. Les femmes âgées entre 18 à 35 ans sont les plus touchées par cette violence, indique le document. La majorité d'entre elles sont des victimes de mariages précoces et sont privées d'éducation, ce qui limite leur accès au marché du travail. Les femmes non scolarisées représentent un pourcentage significatif des victimes. Ce qui met en exergues la nécessité de garantir un accès urgent et équitable aux droits pour toutes les femmes. Malheureusement, ces violences persistent principalement dans l'espace privé, en particulier dans les zones rurales, touchant toutes les catégories de femmes, spécialement celles âgées de 15 à 24 ans. Bien que le Maroc ait adopté des lois fondamentales en faveur de l'égalité, telles que la Constitution de 2011 et la création de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discriminations (APALD), des résistances persistent au sein de la société, notamment en matière de mariages forcés et précoces. Les femmes mariées constituent 53 % des femmes qui sollicitent l'aide des centres de secours, mettant en évidence une prévalence élevée de la violence conjugale, nous dit encore l'UAF à l'heure de son bilan. Les données suggèrent également que la situation économique joue un rôle crucial, la plupart des femmes étant au chômage, travaillant dans le secteur informel ou effectuant un travail non rémunéré à domicile, ce qui les rend vulnérables à la violence et les dissuade de la signaler par crainte de perdre leur situation économique fragile. Le rapport souligne en outre différentes formes de violence, dont la violence psychologique (25 %), la violence économique (21 %) et la violence légale (22 %), mettant en lumière les obstacles d'accès au système judiciaire pour les femmes. Les violences basées sur le genre au Maroc sont liées à une vision traditionnelle de la féminité, caractérisée par la soumission, en opposition à une supposée virilité dominante des hommes, créant ainsi des violences systémiques. Malgré les engagements du gouvernement marocain en faveur de l'égalité et de la parité entre les sexes, les chiffres indiquent que 62,8% des femmes de 18 à 65 ans ont été victimes de diverses formes de violences, avec, 55% subissant des violences conjugales et 13,5% des violences familiales.