A la mi-mars, Ramtane Lamamra, alors ministre des Affaires étrangères, et celui qui a le mieux incarné la diplomatie algérienne après feu "Boutef", n'était visiblement pas dans les bonnes grâces du chef de l'État au nom imprononçable. Jugez-en ! Il a été jeté comme un malpropre de la diplomatie de l'exécutif d'Algérie. Dans certains cercles d'Alger, il se dit que l'ex-ministre des Affaires étrangères nourrissait « des ambitions présidentielles », et qu'elles dateraient déjà de 2019, après la chute d'Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission par une révolte populaire, le Hirak. Alors, à défaut de le limoger, on lui mit des bâtons dans les roues, (décisions prises à son insu et pis, la présidence demandait aux médias gouvernementaux de ne médiatiser aucune de ses activités). Agacé, Lamamra avait même remis sa démission à trois reprises. Mais pour "raison d'Etat", suivez d'autres regards, ces démissions avaient été rejetées une-à-une. Cela dit, depuis jeudi dernier il ne chôme plus. En effet il aurait repris du service à l'ONU nommé en cela comme envoyé spécial d'António Guterres au Soudan. Mais il semblerait que pour une entrée en la matière il aurait déjà raté le coche. Le hic ! C'est qu'aussitôt la nomination actée, le Soudan, via le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Elsadig Ali, demande la fin immédiate de la mission de l'ONU (MINUATS) du pays. La question du coup qui taraude est: La décision de Khartoum était-elle une réaction à la nomination de Lamamra, compte tenu du rôle important joué par l'Algérie dans la division du Soudan et du conflit du Darfour ? Si c'est le cas, visiblement, le bonhomme doit, ou porter la poisse ou être maudit. En effet, dans toutes ses entreprises, il accumule les revers. Cependant, cet individu n'en est pas à sa première déconvenue. Déjà en mars 2020, alors qu'il était sur le point d'être désigné comme envoyé spécial des Nations Unies pour la Libye ce coup-ci, il voyait sa candidature être bloquée par Washington, Abu Dhabi, Rabat et Le Caire. Lamamra, connu comme pour avoir été le « pitbull de la diplomatie algérienne » en raison de sa persévérance, a fini par se heurter à des échecs sur tous les dossiers qui lui ont été confiés, en particulier la question du Sahara marocain, un sujet central de la politique étrangère du régime sénile des militaires algériens. Sa tentative de retour aux affaires via l'ONU, a également été un échec, car cela reflète le statut désormais peu enviable de toute une Algérie qui se voit reléguée au rang de « paria » sur la scène politique internationale. Conclusion: Ramtane Lamamra, champion de la diplomatie du chèque, a perdu la confiance de tous et pourtant, en Afrique il se voyait déjà en terrain conquis.