Le 22 décembre 2020, le Maroc a rétabli ses relations avec Israël dans le cadre de l'accord tripartite de coopération connu sous le nom des « Accords d'Abraham« . Une déclaration conjointe a été signée à cet effet entre le Maroc, Israël et les États-Unis, officialisant ainsi la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv. Cependant, en raison du conflit actuel entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, des questions se posent sur le sort de ces Accords d'Abraham, qui impliquent également les Émirats arabes unis et Bahreïn, et qui ont été qualifiés d'historiques, permettant de rapprocher plusieurs pays arabes d'Israël. Dans un entretien à Hespress Fr, Abdelhamid Benkhatab, analyste politique et professeur de sciences politiques à la faculté de droit d'Agdal-Rabat, explique que, en général, les accords entre les États sont stables et ne sont pas influencés par l'évolution des événements internationaux, soulignant l'existence d'une différence fondamentale entre les engagements des États résultant de divers accords, notamment l'Accord d'Abraham, et les événements internationaux. « On ne peut pas affirmer que les événements au Proche-Orient affecteront directement les Accords d'Abraham. Ce qui est certain, c'est que nous assisterons prochainement à un glaciation des relations entre Israël et les pays arabes. Cependant, cela ne remettra en aucun cas en cause la substance des Accords d'Abraham. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'accords à long terme visant à établir un rapprochement stratégique entre les États. Et ce rapprochement ne devrait pas être directement affecté par ce qui se passe actuellement au Proche-Orient« , analyse-t-il. Dr. Driss Aissaoui, politologue, partage ce point de vue et estime que, mis à part les positions officielles du Maroc sur le conflit au Proche-Orient, « je ne vois pas ce qui pourrait changer ». « Sur le plan officiel, le Maroc déclare qu'il reste attaché à la question palestinienne, et le Roi préside toujours le comité Al-Qods. De plus, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, multiplie les voyages au Proche-Orient et dans les pays du Golfe pour trouver une solution à ce conflit« , explique-t-il à Hespress Fr. En outre, ajoute le politologue, les Accords d'Abraham restent en « stand by » pour l'instant pour tous les pays signataires de l'accord, y compris les États-Unis et Israël. Il évoque à ce propos les « atrocités commises par les Israéliens, en particulier le bombardement d'un hôpital à Gaza ». Face à la situation, la guerre au Proche-Orient suscite des inquiétudes quant à la sécurité et la stabilité dans la région, voire dans le monde entier. Le processus de normalisation avec certains pays arabes, en particulier l'Arabie Saoudite, a été interrompu en raison du conflit. Israël a même suggéré que plusieurs accords de paix ou de normalisation avec des pays arabes restent en attente jusqu'à la fin du conflit. Interrogé à ce sujet, Benkhatab estime que cette réaction est normale, car « le cœur n'y est pas« . « Je vois mal comment on peut poursuivre les négociations avec le côté israélien, surtout lorsque les attaques sur Gaza s'intensifient et qu'il y a des drames humanitaires en cours. Il est évident que l'engagement n'est pas là, et il sera très difficile d'un point de vue de légitimité et d'éthique de continuer. Cependant, je ne pense pas que les accords en eux-mêmes soient entachés, en aucune manière« , conclut il.