La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a alerté sur les risques de la montée de la fragmentation de l'économie mondiale, affirmant que la résilience et la prospérité dépendent de « la survie » de l'intégration économique. « Le monde assiste à une montée de la fragmentation: un processus qui commence par des obstacles croissants au commerce et à l'investissement et, dans sa forme extrême, se termine par la fragmentation des pays en blocs économiques rivaux – un résultat qui risque d'inverser les bienfaits transformatifs que l'intégration économique mondiale a produit », a indiqué Mme Georgieva dans une tribune publiée dans le magazine « Foreign Affairs ». Sous le titre: « Le prix de la fragmentation: Pourquoi l'économie mondiale n'est pas prête à affronter les chocs à venir », la DG de l'institution financière internationale basée à Washington, a expliqué qu'à long terme, la fragmentation des échanges, c'est-à-dire l'augmentation des restrictions sur le commerce des biens et services entre les pays, pourrait réduire le PIB mondial jusqu'à sept pour cent, soit 7.400 milliards de dollars, soit l'équivalent des PIB combinés de la France et de l'Allemagne et plus de trois fois la taille de l'ensemble de l'économie de l'Afrique subsaharienne. « La fragmentation peut également entraîner de graves perturbations sur les marchés des matières premières et créer une insécurité alimentaire et énergétique », a-t-elle prévenu, ajoutant qu'une autre pandémie pourrait une fois de plus plonger le monde dans une crise économique mondiale. Mme Georgieva a défendu, dans cette tribune comme dans une interview accordée en parallèle au Washington Post, les avantages de la mondialisation. « L'expansion du commerce dans une économie mondiale de plus en plus intégrée a apporté des bénéfices substantiels en termes de croissance et de réduction de la pauvreté », a-t-elle indiqué. La cheffe du FMI a néanmoins reconnu que la montée des inégalités favorise l'instabilité politique et compromet les perspectives de croissance future, en particulier pour les économies vulnérables et les personnes les plus pauvres. De même que la menace existentielle du changement climatique aggrave les vulnérabilités existantes et introduit de nouveaux chocs. « Les pays vulnérables manquent de marge de manœuvre et l'endettement croissant met en danger la viabilité économique », a-t-elle souligné. La DG du FMI a reconnu l'importance d'une gouvernance moderne du FMI et d'un renforcement de ses ressources pour continuer à bien assumer son rôle de « filet de sécurité mondial » qui regroupe les ressources internationales pour fournir des liquidités aux pays en cas de crises, rappelant que la pandémie est un bon exemple de l'importance du Fonds. « Depuis le début de la pandémie, le FMI a approuvé plus de 300 milliards de dollars de nouveaux financements pour 96 pays, soit le soutien le plus large jamais accordé sur une période aussi courte », a-t-elle indiqué, ajoutant que sur ce montant, plus de 140 milliards de dollars ont été fournis depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien pour aider les membres du Fonds à faire face aux pressions financières, notamment celles résultant de la guerre. « La prise de décision au sein du Fonds nécessite une approche hautement collaborative et une gouvernance inclusive », a relevé Kristalina Georgieva qui a mis en avant le rôle des autres institutions internationales et des nouveaux créanciers pour faire face aux défis nés d'une nouvelle économie mondiale « fragile et fragmentée ».