L'Association marocaine des droits des victimes (AMDV) a exhorté, samedi à Rabat, la justice française à faire montre d'impartialité et d'une plus grande implication dans l'affaire de Jacques Bouthier, l'ex-PDG du groupe Assu 2000, remis en liberté sous contrôle judiciaire dans une affaire de crimes sexuels perpétrés en France et au Maroc, par un tribunal français. « La libération sous caution de Jacques Bouthier trahit un certain manque d'engagement de la justice française à l'égard des droits les plus légitimes des victimes en France et au Maroc », a déclaré Aïcha Guellaa, avocate et présidente de l'AMDV, lors d'une conférence sous le thème « l'instrumentalisation politique et médiatique des victimes des agressions sexuelles accentue leur souffrance ». La mise en liberté provisoire du milliardaire et homme d'affaires français, mis en examen en 2022 à Paris, est une décision « injuste » qui aggrave de manière intolérable la souffrance des victimes, a tenu à souligner Me Guellaa, qui assiste des plaignantes marocaines dans cette affaire. « C'est choquant pour les victimes qui sont censées être protégées en priorité par la justice », a dit Me Guellaa, soulignant que ce dossier est une « sérieuse épreuve » pour le système judiciaire français. « C'est inacceptable que la justice française ait accordé la liberté provisoire à Bouthier, au motif de ses troubles psychiques, malgré toutes les horreurs qu'il a perpétrées (...). « Est ce normal qu'un PDG qui, jusqu'à son interpellation, assurait brillamment la gestion complexe et stratégique d'une grande entreprise d'assurances, soit soudainement pris de démence? « , s'est-elle demandée. Me Guellaa dit espérer que la justice française fasse montre de la même audace que son homologue marocaine et s'inspire de la clairvoyance de cette dernière dans le traitement de ce dossier. Écroué pour viols sur mineurs et traite d'êtres humains à Paris, Jacques Bouthier est accusé de harcèlement sexuel par six jeunes femmes à Tanger.