La libération sous caution de l'ex-patron français, Jacques Bouthier, accusé de graves crimes sexuels perpétrés aussi bien en France qu'au Maroc, suscite un tollé général. Des dizaines de manifestants se sont rassemblés, ce vendredi 24 mars, devant l'Ambassade de France au Maroc. L'objectif étant de dénoncer la mise en liberté provisoire du milliardaire et homme d'affaire français. Une décision « choquante» que les protestataires jugent « inacceptable » et « injuste » envers les victimes. L'ex-PDG du groupe Assu 2000, Jacques Bouthier, mis en examen à Paris en mai 2022, pour viols sur mineure, traite d'humains, séquestration et harcèlement sexuel, a obtenu, lundi 20 mars, sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, assortie d'une caution de 500.000 euros. Pour cause, son état de santé général et mental qui reste, selon la justice française, «incompatible avec la poursuite de la détention». La décision prise par la chambre d'instruction de Paris est fortement contestée par les ONGs et soulève une vague de colères . Dans ce sens, un sit-in a été organisé, hier, devant l'Ambassade de France au Maroc, au quartier de l'Agdal à Rabat. Et ce, suite à l'appel lancé, jeudi soir, par l'Association marocaine des droits des victimes (AMDV), qui accompagne les plaignantes marocaines dans cette affaire. Les militants en faveur des victimes se sont ainsi rassemblés, vendredi après-midi, pour faire entendre leurs voix en brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire: « Non à la protection des violeurs » ou encore « La liberté provisoire d'un violeur menace les victimes ». Une manière pour fustiger une décision qui suscite l'inquiétude des victimes et constitue « une grave atteinte à leur sécurité et dignité ». A cet égard, Aïcha Guellaa, avocate et présidente de l'AMDV, s'est dite «indignée par cette libération choquante et injuste pour les victimes» qui encourage « l'impunité d'un homme riche et puissant ». Tout en rappelant son respect au principe de non-ingérence dans les affaires qui sont du ressort exclusif de la justice française. « Ce sit-in n'est pas une tentative de s'immiscer dans la justice française ou d'influencer son indépendance ou sa neutralité. C'est une manière de faire entendre la voix des victimes, de leur donner l'occasion de s'exprimer et de protéger leurs droits », a-t-elle déclaré. L'avocate a, de surcroît, rejeté les raisons ayant conduit à la libération de l'ex-PDG du groupe Assu 2000. « Libérer Jacques Bouthier pour des raisons médicales est inacceptable...C'est scandaleux qu'une telle décision soit prise dans un pays de droit», a-t-elle regretté. Soulignant que la liberté de l'accusé constitue une véritable « menace pour la sécurité et la dignité des victimes.» Et reste « incohérente avec toutes les dispositions des pactes internationaux défendant le droit des victimes à demander réparation». L'association a, par ailleurs, indiqué que ses avocats à Paris vont interjeter appel en se réservant le droit de porter cette affaire devant la justice de l'Union européenne. L'objectif étant de protéger les droits de toutes les victimes de cette affaire dans laquelle d'autres personnes sont également impliquées, dont certains des collègues et collaborateurs de Jacques Bouthier. Mais aussi l'ex-directeur général de la succursale tangéroise, Amir Messadi, actuellement en fuite en France, après avoir su qu'il fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la part du procureur général du Roi.