La grève générale en Tunisie du 22 novembre, un mouvement de grande ampleur qui a réuni 95 % des travailleurs de la fonction publique selon l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), sème le trouble dans la politique du jeune Premier ministre Youssef Chahed. Ils étaient des milliers. Sur les 670.000 hommes et femmes qu'emploie le secteur public en Tunisie, 95 % ont paralysé le pays en faisant grève. Réunis sous le commandement de l'UGTT, ils ont manifesté contre la politique de Youssef Chahed, le premier ministre tunisien qui fait face à des scissions au sein même de son clan. Dans cette marche révoltée des Tunisiens, plusieurs députés de Nidaa Tounes (le parti de la majorité présidentielle tenue par le fils du président), du Front populaire et du Mouvement démocratique, ont accordé leur aval en soutenant les revendications des frondeurs qui dénoncent la détérioration de leur pouvoir d'achat, de leur qualité de vie et demandent des augmentations salariales. Nourredine Tabboubi, le secrétaire général de l'UGTT, a menacé dans un discours de faire monter la pression si le gouvernement Chahed ne garantit pas au peuple ses revendications « légitimes ». Une alliance Taboubi-Essebsi en cours ? Selon plusieurs sources proches du clan Chahed, le patron de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, serait de mèche avec le président Beji Caid Essebsi et leur intention serait de déstabiliser le « règne » du premier ministre Youssef Chahed, qui est sur un siège éjectable depuis la crise au sein du gouvernement. Malgré plusieurs rencontres ces dernières semaines entre le chef de l'UGTT et le premier ministre, les deux hommes ne semblent pas se mettre d'accord et, à l'heure actuelle, ce mouvement de rébellion des travailleurs montre à quel point le premier ministre divise la classe politique et le peuple tunisien. Très controversé, Chahed, qui vient de procéder à remaniement gouvernemental, n'a actuellement, pour seul allié, que les islamistes d'Ennahda avec à leur tête Rached Ghannouchi. Le jeune Premier ministre trouve du mal à mettre de l'ordre dans le pays en crise politique, toujours sous la menace terroriste et n'ayant pas fait le deuil du Printemps arabe. La transition démocratique en Tunisie s'annonce difficile.