Les syndicats français ont dénoncé le « vide » et « le manque de concret » de l'intervention télévisée du président Emmanuel Macron, de lundi soir, pour la première fois depuis la promulgation de la très controversée réforme des retraites. « Je crois qu'il faut faire attention à ne pas mépriser les travailleurs. On attendait autre chose évidemment. C'est un discours de la méthode pour une dixième fois mais rien de concret », a estimé le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, sur la chaîne BFMTV. « L'apaisement, il fallait le faire sur le sujet qui a créé l'embrasement social, la réforme des retraites, il n'en a pas dit un mot », a-t-il ajouté. x Publicité Le syndicaliste a fustigé ainsi « une espèce de vide » dans l'intervention du président de la république et estimé que le chef de l'État n'avait « pas compris » les raisons de la colère des Français. « La porte a été fermée à triple tour pendant trois mois. Très clairement, d'ici le premier mai il n'y aura pas de rencontre » entre l'intersyndicale et le gouvernement, a souligné M. Berger, après qu'Emmanuel Macron ait proposé de recevoir les syndicats « dès demain matin » lors de son allocution télévisée. L'intersyndicale avait déjà annoncé en fin de semaine dernière qu'elle n'irait pas rencontrer le gouvernement avant la mobilisation du 1er mai, qu'elle souhaite massive, car elle n'entend pas considérer que l'épisode de la réforme des retraites est clôturé. « Dès qu'une porte s'ouvre, il la ferme », a fustigé, de son côté, Sophie Binet, secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), sur LCI, regrettant qu'Emmanuel Macron n'ait pas consulté les syndicats avant de promulguer la loi portant la réforme des retraites. Pour elle, le président de la république « s'enferme dans la crise ». Lors de sa première allocution depuis la promulgation de la très décriée réforme des retraites dans la nuit de vendredi à samedi après la validation de l'essentiel du texte par le Conseil constitutionnel, Emmanuel Macron a défendu, dans son discours, des « changements nécessaires », mais reconnaît que le texte n'est pas « accepté » par les Français. Il s'est donné « cent jours » pour lancer un plan d' »apaisement » et « d'action » d'ici le 14 juillet, après la « colère » suscitée par la réforme des retraites, chargeant la cheffe du gouvernement de présenter « dès la semaine prochaine » une feuille de route. Il a par ailleurs annoncer vouloir bâtir un « nouveau pacte de la vie au travail » dans les prochaines semaines et appelé patronat et syndicats à une série de négociations. Depuis janvier, des centaines de milliers de Français ont défilé sur plusieurs semaines contre ladite réforme dans des manifestations, parfois émaillées de heurts et de violences, jusqu'à le dernier épisode vendredi dernier avec la validation du texte par le Conseil constitutionnel et sa publication au Journal officiel samedi. En réaction à la décision des Sages et à la promulgation express du texte par Emmanuel Macron, la CGT a appelé encore les Français à deux journées de mobilisation sociale contre la réforme, les 20 et 28 avril. L'intersyndicale a également appelé à faire de la journée du 1er mai « un moment historique de mobilisations ».