C'est désormais décidé. Les circonstances atténuantes dont ont bénéficié bon nombre de violeurs sur mineurs au cours des dernières années, seront bientôt abolies. C'est ce qu'a affirmé le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, lundi à la Chambre des Représentants. Cette décision intervient dans le sillage du cas du premier verdict relatif à l'affaire de la fillette de Tiflet qui avait secoué l'opinion publique marocaine. Répondant à une question du groupe Haraki lors de la session des questions orales à la Chambre des Représentants, sur les peines allégées pour le viol sur mineur, le ministre de la Justice a annoncé une décision attendue des Marocains. « Nous avons décidé d'abolir les circonstances atténuantes au viol sur mineur. Ceci n'a aucun sens et aucune raison d'être. Donc, aucune possibilité de réduire les peines contre les violeurs« , a déclaré Abdellatif Ouahbi. « Les enfants victimes de viols n'ont pas le droit de faire des compromis et leurs parents n'ont pas le droit d'abandonner l'affaire lorsqu'il s'agit du droit de leurs enfants« , a-t-il tranché, refusant donc tous les arrangements faits en faveur des violeurs pédophiles, qui avaient jusqu'ici plusieurs façons d'éviter les peines maximales prévues par la loi. x Publicité En outre, pour suivre et accompagner les mineurs victimes de viol, qu'ils soient filles et leurs bébés ou garçons, Ouahbi a précisé que son département travaillait avec le ministère de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille pour développer une vision en vue de la création de centres d'hébergement pour les victimes. « Les associations sont là pour accompagner ces victimes, mais ceci peut ne pas se faire dans la durée. C'est pour ne pas risquer de laisser ces enfants à l'abandon, le ministère travaille sur une vision, avec le département de la famille, pour créer des centres d'hébergement un peu partout au Maroc« , a-t-il souligné. Pour rappel, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, faisait partie des nombreuses personnes qui ont réagit et exprimé leur surprise quant au verdict initial en première instance dans l'affaire du viol en groupe et répété de la petite fillette de Tiflet par 3 adultes, qui avait conduit à une grossesse. Pour ce, il avait promis une peine sévère pour les crimes de viol sur mineur dans le nouveau code pénal qui doit faire l'objet d'une révision en phase avec les réelles et nouvelles réalités de la société marocaine. « Le drame de viol de cette fillette fut un véritable coup de tonnerre, d'où la nécessité de remettre en question tous les efforts déployés en ce sens, en tant que responsables, en tant qu'acteurs et en tant que société civile », avait-il déclaré précédemment. Ouahbi avait notamment fait savoir que son département est déterminé sans relâche à durcir les peines prévues dans le nouveau projet de Code pénal, avec pour but protéger les enfants contre le viol, contre la consommation de drogues ainsi que d'autres violences et abus auxquels ils pourraient être soumis. L'affaire de la fillette de Tiflet a créé l'émoi au Maroc lors de sa découverte et la colère lors du premier jugement rendu par la justice qui avait prononcé 2 ans de prison ferme comme peine maximale pour le violeur dont l'acte avait conduit à la grossesse de la fille de 11 ans et 10 mois de prison avec sursis pour les deux autres adultes, alors que les peines prévues vont jusqu'à 20 ans de réclusion. Les affaires de viol sur mineures secouent fréquemment l'opinion publique sans que les verdicts de la justice ne soient à la hauteur des crimes commis ou attentes de la société. Elles avaient provoqué une vague d'indignation majeure lorsque la jeune Amine El Filali, violée à 15 ans, s'était suicidée en avalant de la mort au rats, lorsque la justice lui a ordonné d'épouser son violeur.