C'est toujours impressionnant de voir la confrontation de deux Lions sacrés du football africains. En l'occurrence, la rencontre opposant ceux de l'Atlas aux Indomptables camerounais dans l'arène du complexe Mohammed V de Casablanca a tenu toutes ses promesses. La victoire 2 à 0 des locaux contre leur bête noire (6 défaites et 5 nuls dans le passé) a brisé une vieille malédiction. On rembobine. Phase 1: Les Lions se regardent en chiens de faïence Face à Clarence Seedorf, et son 4-5-1 assurant au Cameroun une présence en surnombre dans la bataille du milieu de terrain, Hervé Renard aligne son classique 4-3-3. Le sélectionneur du Cameroun l'a déclaré avant match, qu'il « veut gagner« . Mais de là à brûler ses cartes dès l'entame du match, il n'y a qu'un pas que l'ancien routier du football européen n'a pas franchi. Christian Bassogog provoque Achraf Hakimi sur sa bande latérale. Georges Mandjeck tente de prendre le dessus sur Noussair Mazraoui. Et, par son intelligence de placement, Eric Chupo-Moting s'impose dans les airs devant Karim El Ahmadi, épaulé par Medhi Benatia quand il y a relance du gardien de but Andre Onana. Mais le joueur du PSG manque de peu l'ouverture du score, gêné par El Ahmadi. Peu d'occasions franches dans cette première moitié de première période. Mais l'assurance que les deux coachs ont l'intention de jouer le jeu. Ils se jaugent. Renard demande à Younes Belhanda de se projeter davantage vers l'avant. Dans sa zone, Seedorf ne fait que peu d'instruction à son 11 de départ. La partie d'échecs est lancée. Phase 2: Peu d'occasion, menace de contestation Le capitaine camerounais Karl Icambi donne le tournis à la défense marocaine. Marouane Da Costa, à la traîne, multiplie les erreurs de relance. Dans les tribunes, on se rebiffe. Les Camerounais sont costauds devant leur ligne de but. Et le trio Amrabat-Belhanda-Ziyech peine à trouver Boutaib, esseulé en pointe. La baisse d'intensité, suivie d'une légère domination camerounaise pousse le public à chercher d'autres motifs de distraction. « Le peuple veut supprimer l'heure », crie-t-on. On en veut à la personne du Chef du gouvernement. N'eut été un coup-franc de Ziyech effleurant le poteau droit et un face-à-face raté du même joueur suite à un raid solitaire de Belhanda, la vox populi aurait pu rebondir sur d'autres faits d'actualités. On joue les dernières minutes du temps réglementaire. Les Marocains se sont durablement installés dans le camp adverse. Les transversales avec Hakimi et Mazraoui en réception sont acclamées, mais le marquage individuel dans l'axe empêche toute pénétration dans la surface camerounaise. On s'inquiète pour Belhanda touché au genou, alors que le 11 national préparait son dernier assaut. El Ahmadi est contraint de botter en touche, et l'arbitre Eric Castane renvoi tout le monde au vestiaire Phase 3: Un public revanchard, un Ziyech des grands soirs Sofiane Boufal remplace Belhanda, blessé. Les tribunes latérales sont ravise d'accueillir Nordine Amrbat. Le « tank » salue ses afficionados et se remet dans la bataille. « Ils sont prenables ces Camerounais » répète-t-on dans les gradins. Les rouge et vert redoublent d'effort. Et une Olà prends forme dans les travées du stade. A la réception d'une énième transversale, Hakimi sert Boufal, auteur d'une rentrée fulgurante. L'ailier marocain est fauché par Bassogog, l'arbitre montre le point de penalty et les supportes exultent. Stoïque comme à son habitude, Zyech trompe le goal camerounais d'un contre-pieds dont il a le secret. Ayant la mémoire longue, le public rappelle « le noeud camerounais » et la nécessite de les battre enfin, 30 ans après avoir éliminé le Maroc sur cette même pelouse en demi-finale de la CAN 1988. Phase 4: La jubilation totale Un peu plus de 10 minutes après, les filets tremblent à nouveau. Le stade est en extase. Toujours avec Boufal à la manoeuvre, le bloc offensif marocain se place dans le dernier carré. Le technicien rentré en jeu à la deuxième mi-temps enchaîne les dribbles dont l'un est récupéré par Ziyech. Le milieu de terrain exécute une frappe des 25 mètres. Onana Onana est battu. Renard gère sa fin de partie et ne s'expose pas au danger. Remporter la partie c'est bien, ne pas encaisser de buts est encore mieux. Il fait sortir sa star de l'Ajax Amsterdam, remplacée par le monégasque Aït Bennasser. Un séquence de possession de balle tient en haleine le public. Des « olé » sont criés à chaque passe des Lions. Ceux de l'Atlas ont vaincu, et ceux du Cameroun sont désormais domptés.