L'étau se resserre encore un peu plus contre les opposants en Tunisie suite à l'arrestation d'un chef du parti d'inspiration islamiste Ennahdha et le directeur d'une radio privée ont été arrêtés. Les deux hommes ont été arrêtés lundi soir, dans le cadre d'une vaste opération d'arrestations visant des personnalités ayant exprimé leur désapprobation du coup de force du président tunisien Kais Saied. Plusieurs personnalités publiques et politiques sont arrêtées les unes après les autres en Tunisie faisant penser à la situation en Algérie depuis l'élection du président Abdelmadjid Tebboune en 2019, à quelques semaines d'intervalle avec Kais Saied. Le dirigeant d'Ennahdha, Noureddine Bhiri, est l'un des derniers sur la liste des arrêtés. Il a été « emmené vers un lieu inconnu » lors d'une descente de police à laquelle ont participé pas moins d'une centaine d'agents à son domicile à Tunis, a affirmé Abdelfattah Taghouti, un porte-parole d'Ennahdha, cité par des médias tunisiens. Début 2022, l'ancien ministre tunisien de la Justice avait déjà été détenu pendant plus de deux mois, après le coup de force du président Kais Saied qui avait suspendu le Parlement. Malgré sa remise en liberté, M. Bhiri faisait toujours l'objet d'une enquête pour des soupçons de « terrorisme », selon les autorités. Au même moment, la radio privée « Mosaïque FM » a annoncé l'arrestation soir de son directeur général, Noureddine Boutar. Le weekend dernier, une vague d'arrestations ont ciblé de nombreuses personnalités politiques, des ex-magistrats et un influent homme d'affaires. Samedi, la police tunisienne a arrêté Kamel Eltaïef, homme d'affaires très influent dans les milieux politiques, ainsi que deux opposants, à savoir Abdelhamid Jelassi, ex-dirigeant au mouvement Ennahdha et l'activiste politique Khayam Turki. Selon des médias locaux, les personnes arrêtées ce weekend sont soupçonnées « de complot contre la sûreté de l'Etat », une accusation similaire à celle que le régime algérien utilise pour museler toute forme de critique contre le pouvoir. Depuis le coup de force du président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, plusieurs figures politiques font l'objet de poursuites judiciaires dénoncées par l'opposition comme des règlements de comptes politiques.