L'ONU a demandé mardi 11 janvier la libération ou mise en inculpation de l'ex-ministre et homme fort du parti tunisien d'inspiration islamiste Ennahdha, Noureddine Bhiri et s'inquiète de la «détérioration» de la situation des droits humains dans le pays. «Les événements qui se sont déroulés en Tunisie au cours du mois dernier ont accentué nos inquiétudes, déjà vives, quant à la détérioration de la situation des droits humains dans ce pays», a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Liz Throssell, lors d'un point de presse à Genève. Le 31 décembre, Noureddine Bhiri a été emmené en voiture par des policiers en civil vers un lieu tenu secret, dans ce que son parti a décrit comme «un enlèvement». Souffrant d'hypertension, de diabète et ayant des antécédents cardiaques, il a été hospitalisé deux jours après alors qu'il observe une grève de la faim depuis son arrestation. «Les autorités ont indiqué qu'il était soupçonné d'infractions liées au terrorisme. Toutefois, nous comprenons que ses avocats n'ont à ce jour pas été formellement informés des charges retenues contre lui», a affirmé Liz Throssell. Un deuxième homme «placé en détention» «Un deuxième homme a également été emmené et placé en détention le même jour et dans des circonstances similaires, sans que l'on sache où il se trouve jusqu'au 4 janvier», a-t-elle ajouté. La famille des deux hommes et le Bureau des droits de l'homme de l'ONU en Tunisie ont pu leur rendre visite. Toutefois, a souligné Mme Throssell, «ces deux incidents font écho à des pratiques inédites depuis l'ère Ben Ali et soulèvent de graves questions concernant les enlèvements, les disparitions forcées et les détentions arbitraires». «Nous demandons instamment aux autorités de libérer rapidement ces deux hommes ou de les inculper conformément aux normes de procédure pénale», a-t-elle dit. Ennahdha est au cœur d'un bras de fer avec le président Kais Saied depuis son coup de force du 25 juillet dernier et sa décision de geler le Parlement, que ce parti contrôlait depuis une dizaine d'années. Ennahdha et d'autres opposants ont dénoncé un «coup d'Etat», et différentes ONG tunisiennes et internationales disent redouter une dérive autoritaire. Le président Saied affirme lui vouloir «sauver» le pays, rongé par des mois de blocages politiques, et a annoncé en décembre un référendum pour le 25 juillet prochain. «Outre les actions des forces de sécurité intérieure, nous sommes préoccupés par l'étouffement de la dissidence en Tunisie, notamment par l'utilisation inadéquate de la législation antiterroriste, et par le recours croissant aux tribunaux militaires pour juger des civils», a également indiqué la porte-parole du Haut-Commissariat.