Les Tunisiens ont boudé les urnes samedi alors qu'ils étaient appelés à renouveler leur Parlement, un scrutin voulu par le président Kais Saied pour mettre un point final au processus enclenché par son coup de force de juillet 2021. Le taux général de participation au scrutin législatif du 17 décembre en Tunisie a atteint 8,8%, a annoncé le président de l'Instance supérieure indépendante pour les Elections (ISIE), Farouk Bouasker sur la base de résultats officiels préliminaires. Quelque 9 millions d'électeurs tunisiens ont été appelés ce samedi à renouveler l'Assemblée nationale (parlement), le jour même choisi par le président Kais Saied comme nouvelle date pour la célébration de la révolution, en remplacement du 14 janvier depuis 2011. x Publicité Ces élections, pas comme les autres par ses différents aspects, voient 1.055 candidats en lice pour les 161 sièges, soit le nombre le plus faible jamais enregistré au cours de toutes les précédentes échéances que le pays ait connues depuis 2011. Autre facteur alimentant la désaffection : les candidats (1.055), pour moitié enseignants ou fonctionnaires de niveau intermédiaire, sont en grande majorité inconnus, et moins de 12% sont des femmes dans un pays attaché à la parité. Selon les observateurs, il s'agit d'élections pas comme les autres du fait de l'exclusion de facto des partis politiques de ce scrutin, d'un code électoral uninominal à deux tours contesté, d'un futur parlement aux pouvoirs limités comme le stipule la nouvelle Constitution du 25 juillet 2022 qui donne les pleins pouvoirs au président. Une nouvelle Assemblée de 161 députés, aux pouvoirs très limités, doit remplacer celle que M. Saied avait gelée le 25 juillet 2021 (puis dissoute début 2022), arguant d'un blocage des institutions démocratiques en place depuis la chute du dictateur Ben Ali en 2011, lors de la révolte des Printemps arabes. Pourtant, le président était sorti de son palais de Carthage, tôt après l'ouverture des bureaux, pour voter et mobiliser les 9 millions d'électeurs. « C'est une opportunité historique de retrouver vos droits légitimes », a-t-il dit. Les principaux partis boycottent ce vote pour lequel M. Saied a imposé un mode de scrutin uninominal à deux tours, où les candidats ne peuvent pas afficher leur affiliation. Même la puissante centrale syndicale UGTT a jugé ces législatives inutiles. Accusant M. Saied de « dérive dictatoriale », le Front du salut national, coalition d'opposants dominée par le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha qui a contrôlé le Parlement pendant 10 ans, avait déjà boycotté le référendum sur la Constitution.