Les deux candidats à la présidentielle brésilienne, Jair Bolsonaro et Lula, se rendaient coup pour coup dimanche, s'accusant mutuellement de mentir lors de leur premier face à face télévisé, à deux semaines du second tour. « Lula, arrêtez de mentir, un homme de votre âge! », a lancé le président d'extrême droite, 67 ans, lors des premières minutes de ce débat sur la chaîne Bandeirantes. « C'est vous le roi des fausses informations, le roi de la stupidité », a rétorqué l'ancien chef de l'Etat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010). Lula, 76 ans, a consacré une bonne partie de son temps de parole au début du débat pour fustiger la « négligence » de son adversaire durant la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 680.000 morts au Brésil. Jair Bolsonaro a pour sa part a accusé l'ancien métallo de « ne pas avoir la moindre préoccupation envers les plus pauvres », se félicitant d'avoir fait approuver des dépenses exceptionnelles élevant à 600 réais (environ 97 euros) les allocations versées aux familles les plus humbles. Lula a obtenu 48,3% des voix au premier tour le 2 octobre, contre 43,2% pour le président d'extrême droite. La campagne électorale a été marquée par des attaques virulentes entre les candidats et leurs entourages, qui n'ont pas hésité à se lancer des accusations de cannibalisme, pédophilie ou liens avec le crime organisé. Vidéos interdites Jair Bolsonaro a été fustigé samedi par l'opposition de gauche pour avoir raconté être entré en 2021 dans une maison habitée par de jeunes Vénézuéliennes, mineures, laissant entendre qu'elles étaient des prostituées. « J'ai garé ma moto à un coin de rue, j'ai enlevé mon casque et j'ai commencé à regarder les filles, trois ou quatre, jolies, de 14, 15 ans, apprêtées comme on peut l'être un samedi dans un quartier. Une atmosphère s'est créée, je suis revenu, +je peux entrer chez toi ?+, je suis entré », a-t-il raconté. Bolsonaro a plusieurs fois affirmé que le Brésil connaîtrait le même sort que le Venezuela en cas de victoire de son rival. Face au déluge de critiques suscitées par ces déclarations – la présidente du PT (Parti des travailleurs, gauche, dont est issu Lula) Gleisi Hoffmann a qualifié Bolsonaro de « dépravé » – le président brésilien a assuré avoir « toujours combattu la pédophilie » et précisé être entré dans la maison avec « dix autres personnes » et devant les caméras de CNN. En arrivant au studio pour le débat, le président d'extrême droite a déclaré que les dernières 24 heures avaient été « les plus terribles » de sa vie en raison de ces accusations. Le président du Tribunal supérieur électoral, Alexandre de Moraes, a ordonné dimanche que les vidéos associant Jair Bolsonaro à la pédophilie soient retirées des principales plateformes de réseaux sociaux, les propos du président étant, selon lui, « sortis de leur contexte ». Lula remporterait le second tour de la présidentielle, qui aura lieu le 30 octobre, avec 53% des votes exprimés contre 47% pour Jair Bolsonaro, selon un sondage Datafolha publié vendredi Le second tour s'annonce très disputé dans cette élection extrêmement polarisée et les deux candidats se sont évertués à rallier les soutiens politiques et à tenter de convaincre les indécis en poursuivant une intense campagne dans tout le Brésil. Les divers instituts de sondage ont été très critiqués pour ne pas avoir anticipé le score élevé du président sortant, auquel ils attribuaient un maximum de 37%, au 1er tour.