La chancelière allemande, à ce poste pour la quatrième fois consécutive, avait annoncé le 29 octobre son intention de ne plus se représenter à la tête de la CDU (parti conservateur), et de ne plus se représenter pour un nouveau mandat de chancelière. Avec cette décision elle enclenche la course à la succession dans son parti, avec trois candidats en lice et une favorite : Annegret Kramp-Karrenbauer. Après un échec cuisant aux élections régionales de la Hesse, à l'ouest de l'Allemagne, Merkel sent qu'il est définitivement temps de laisser place à une relève qui saura faire remonter le parti chrétien-démocrate (CDU) dans les sondages. Trois profils différents se démarquent, la mini-Merkel, le détracteur, et l'outsider. Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) La « mini-Merkel » comme on la surnomme, a tout d'une héritière. À 56 ans, AKK semble être en bonne position après que Merkel l'ait nommée en février au poste de secrétaire générale de la CDU. Ce surnom lui a été accolé, car elle a une approche très similaire à celle de son ainée du rationalisme politique, mais contrairement à la chancelière, cette dernière est catholique et a grandi en Allemagne de l'Ouest. Politiquement elle s'oppose au mariage homosexuel, et reste conservatrice sur les autres questions de société. AKK défend par ailleurs le salaire minimum et les droits des salariés. Mais pour se démarquer de Merkel et marquer son style de gouvernance, elle affirme que la CDU devait réinsuffler de la passion si elle veut attirer de jeunes électeurs. En outre, de 2011 à 2018, elle fut ministre-présidente du Land de la Sarre, à la frontière française. Elle est mariée à un ingénieur des mines et mère de trois enfants. Jens Spahn Le détracteur de 38 ans à l'antipode d'AKK conteste fortement la décision de la chancelière d'ouvrir les frontières aux migrants. Il se présente comme chef de file de la contestation interne contre Merkel. Ministre de la Santé du quatrième gouvernement de Merkel, elle l'aurait justement nommé pour essayer de contenir ses critiques. Il représente le nord-ouest rural de l'Allemagne, loin des élites libérales, urbaines et mondialisées. Spahn pourtant n'est pas très apprécié au sein de son parti, malgré le fait qu'il soit considéré brillant par certains (il est député depuis l'âge de 22 ans). Son amitié avec l'ambassadeur des Etats-Unis à Berlin nommé par Trump, Richard Grenell, ne fait pas l'unanimité dans les rangs conservateurs, où le style du président américain ne passe pas. Concernant sa vie personnelle, il est catholique, homosexuel, et fin 2017 il a épousé Daniel Funke, un journaliste du magazine Bunte. Friedrich Merz À 62 ans, l'outsider est membre de l'aile conservatrice de la CDU, il a adopté le concept allemand de « Leitkultur », ou « culture directrice », qui réclame que les migrants assimilent et adoptent les valeurs et traditions allemandes. Il a aussi suggéré de simplifier la déclaration d'impôt annuelle. Merz est l'un des nombreux dirigeants masculins de la CDU dont la carrière a été freinée par l'ascension de Merkel. Arrivée à la présidence de la CDU en 2000, cette dernière l'a évincé deux ans plus tard de son poste de secrétaire général du parti. Ancien député européen, membre du Bundestag de 1994 à 2009, il siège dans plusieurs conseils d'administration. Marié à une juge, il a trois enfants.