Alors que les jeunes au Maroc ont de plus en plus de difficultés à accéder aux sources de financement, le gouvernement a lancé le programme FORSA (Chance), qui s'adresse justement à ses jeunes, âgés de plus de 18 ans, et porteurs d'idées ou de projets d'entrepreneuriat. Le budget alloué à ce programme s'élève à 1,25 milliard de dirhams (MMDH) pour cette année 2022 et accompagnera 10.000 porteurs de projets incluant tous les secteurs de l'économie, tout en assurant une certaine équité régionale et de genre. Dans le cadre de sa mission, l'Observatoire du Travail Gouvernemental (OTRAGO) a livré ses remarques et recommandations sur ce chantier qui a fait couler beaucoup d'ancres. Dans un premier temps, l'Observatoire avance les caractéristiques du programme et ses avantages, notamment le fait que ce dispositif de financement prévu au profit des bénéficiaires consiste en un prêt d'honneur d'un montant maximal de 100.000 dirhams, dont une subvention pouvant atteindre 10.000 dirhams. Tous les secteurs d'activité sont éligibles et la durée maximale du remboursement du prêt est de 10 ans avec un différé de 2 ans. Pour ce qui est du processus de sélection des bénéficiaires du programme, les porteurs de projets seront sélectionnés à l'issue d'un Appel à Projets dont le lancement est prévu début avril 2022, à la suite duquel les candidats déposeront leurs dossiers de candidature sur la plateforme digitale « www.forsa.ma ». Les candidats pourront se faire assister au niveau des Desks FORSA ouverts à cet effet au niveau des douze régions du Royaume en plus de la mise à disposition d'un Centre de Relation Client (CRC) et qui aura pour rôle d'assister les porteurs de projets tout au long de ce processus. Un programme ambitieux avec une certaine ambiguïté Tout en applaudissant l'orientation gouvernementale dans l'accélération de la mise en oeuvre de ses engagements en ce qui concerne l'encouragement à l'investissement, l'Observatoire a souligné l'orientation économique positive de ce programme FORSA et ses répercussions sur la structure d'investissement, le renforcement du tissu entrepreneurial marocain, notamment les très petites entreprises, et les multiples possibilités qu'il offre pour envelopper les projets en plus de l'importance de l'enveloppe budgétaire dédiée au programme. L'OTRAGO a également soulevé la positivité du traitement électronique des dossiers des bénéficiaires du programme ce qui permet de faciliter les procédures et contourner les complications sur le terrain, en mettant en place le site FORSA comme seul mécanisme pour déposer les demandes avec un accompagnement bien sûr en cas de besoin. Cela dit, l'Observatoire a relevé une certaine » ambiguïté dans la procédure de sélection, et le manque de clarification des conditions d'octroi, à la lumière de la stipulation du programme sur la multiplicité des secteurs économiques couverts par les projets nominés« . La même source observe également la faiblesse de la communication médiatique et l'absence de mécanismes de sensibilisation et de mobilisation autour du programme, surtout à la lumière de la date très avancée du lancement du programme. La poursuite de l'approche traditionnelle de mobilisation et de repérage, en s'appuyant sur des dispositifs territoriaux et des pouvoirs publics aux missions multiples (Wali, gouverneur ...), a également était pointée par l'Observatoire. De même que « l'ambiguïté de la décision d'attribuer le leadership du programme à la Société Marocaine d'Ingénierie du Tourisme (SMIT), compte tenu de la présence d'institutions nationales spécialisées en matière d'investissement, et compte tenu de leur faible implantation territoriale« , a fait observer l'Observatoire. En ce qui concerne les institutions économiques partenaires du programme, la même organisation a soulevé le caractère « flou » de ses derniers notamment en ce qui concerne l'octroi des prêts, les conditions d'obtention du prêt ou encore les taux d'intérêt. Ainsi, l'Observatoire a exprimé sa crainte de la » primauté de la logique bureaucratique dans la gestion des processus de bénéfice du programme, compte tenu de la multiplicité des niveaux de gouvernance et du chevauchement des tâches » en plus de la » faiblesse de la structure d'accompagnement et d'orientation liée au programme, au niveau territorial« . Ce que propose l'OTRAGO Pour la réussite de ce projet, l'Observatoire du travail gouvernemental a livré plusieurs recommandations. Il s'agit de veiller à adopter des procédures de gestion plus fluides, rechercher des possibilités de gestion loin des logiques administratives bureaucratiques et renforcer la dimension électronique adoptée par le programme dans la réception et le traitement des demandes des porteurs de projets. Le même organisme préconise également d'élever le format communicatif et informatif du programme, de façon qui permettra de comprendre et d'expliquer ses différents contenus et objectifs pour les différents segments sociaux et travailler à la création de mécanismes spécialisés de mobilisation, de soutien et d'orientation du programme. Et enfin, l'OTRAGO propose de » surmonter les obstacles de l'implantation territoriale inexistante de la Société Marocaine d'Ingénierie Touristique, en imposant des mécanismes de convergence avec les différents établissements et espaces publics concernés par la maîtrise entrepreneuriale », tout en mettant en place un » dispositif de formation sur les méthodes de gestion de la contractualisation et de commercialisation comme troisième dispositif en plus du dispositif d'accompagnement et de financement et donner la priorité aux projets innovants à valeur ajoutée et capable de créer des emplois« .