La Russie a fait preuve de double langage dans le dossier du Sahara, en balayant d'un revers de la main le contenu des résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies. Dans une interview accordée à un média égyptien, le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov a parlé de seulement deux parties au conflit du Sahara, oubliant de mentionner son allié, l'Algérie. Le ministre russe des Affaires étrangères a ainsi affirmé dans une interview accordée à la chaîne égyptienne TeN que « la crise du Sahara occidental doit être réglée comme toute autre crise sur la base des décisions du Conseil de sécurité », en estimant que le Maroc et le polisario doivent passer au « dialogue direct » pour parvenir à une solution et insisté sur le respect des résolutions du conseil de sécurité. « Il y a des décisions du Conseil de sécurité qui doivent être respectées, qui doivent être appliquées. Dans le cas du Sahara occidental, il doit avoir un dialogue direct entre le polisario et le Maroc et il faut que les négociations reprennent dans les plus brefs délais pour permettre de trouver une solution basée sur le compromis qui soit dans l'intérêt des deux parties », a-t-il déclaré. Et d'évoquer le référendum comme solution, alors qu'il s'agit d'une option qui n'a plus été mentionnée dans les résolutions du conseil de sécurité depuis des années, à cause de l'impossibilité de l'organisation de ce dernier, et au moment où le conseil de sécurité parle d'une « solution politique, juste, durable, et mutuellement acceptable, basée sur le compromis » et que la communauté internationale estime que l'Initiative d'autonomie proposée par le Maroc en 2007, est une solution crédible et sérieuse qui remplit toutes les cases. Avec sa déclaration, le chef de la diplomatie russe, est non seulement revenu des années en arrière en parlant de propositions qui ont montré leur limites, mais s'est également volontairement contredit. D'un côté, il insiste sur le respect des résolutions du conseil de sécurité, mais en même temps, il ne les respecte pas lui-même lorsqu'il parle de discussions directes entre le polisario et le Maroc, et soustrait l'Algérie. En effet, toutes les dernières résolutions du Conseil de sécurité et en particulier la plus récente parle de discussions entre « toutes » les parties à savoir le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le polisario. Le texte de la résolution nomme chacune des parties à 5 reprises. Le Conseil de sécurité encourage « la reprise des consultations entre le nouvel Envoyé personnel et le Maroc, le front polisario, l'Algérie et la Mauritanie (...) pour faire fond sur les progrès accomplis », indique le conseil de sécurité dans sa dernière résolution dans l'une des 5 références aux parties au conflit. De plus, la résolution 2548 (2020) du Conseil de sécurité commence dès le départ par faire référence au processus politique dit des « tables rondes » qui a été initié par le précédent Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres. Le Conseil de sécurité a rendu hommage à Horst Köhler, l'ancien Envoyé personnel du Secrétaire général et a salué « les efforts qu'il a déployés pour organiser le processus des tables rondes » indique la résolution. Et de poursuivre que ce processus des tables rondes qui réunit les 4 parties au conflit « a imprimé un nouvel élan au processus politique ». Fidèle à son alliance avec l'Algérie qui est l'un de ses plus gros clients en armement, la Russie, s'était abstenue de voter cette dernière résolution du conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la Minurso, qu'elle mentionne aujourd'hui. Moscou avait jugé, – certainement à la demande de l'Algérie – que le texte était déséquilibré. Mais le texte n'avait pas été modifié entre le draft et la dernière version qui a été voté à l'unanimité par 13 voix contre deux abstentions, la deuxième étant celle de la Tunisie, un pays qui devient de plus en plus dépendant des généreux dons de l'Algérie. Pourtant le texte de la résolution n'avait rien de particulièrement différent des précédentes résolutions. Il continuait d'appeler toutes les parties à discuter des moyens de parvenir à une « solution, politique, juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis ». Sauf que pour l'Algérie qui a commencé les hostilités contre le Maroc depuis deux ans (depuis le blocage de l'axe routier à El Guerguerat par les milices du polisario sorties avec l'accord des autorités algériennes, ndlr), avec une concentration d'actions hostiles depuis un an menant jusqu'à la rupture complète des relations diplomatiques entre les deux pays à son initiative en août, Alger a entamé une nouvelle stratégie guidée par le chef de sa diplomatie, Ramtane Lamamra. Le virage de la stratégie algérienne intervient dans l'idée de se soustraire à sa responsabilité dans la création du conflit du Sahara et son soutien des séparatistes qui se manifeste par l'hébergement de ces derniers, de l'investissement matériel et économique et diplomatique, dans la promotion de la théorie séparatiste contre l'intégrité territoriale du Maroc. Ainsi, c'est dans cette idée là que l'Algérie a annoncé juste avant le vote de la résolution qu'elle n'allait plus participer au processus des tables rondes, cherchant à bloquer le processus politique et empêcher le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Staffan de Mistura, de faire son travail.