Le Maroc et le Polisario ont réagi différemment à la résolution 2602 du Conseil de sécurité. Alors que le royaume s'est félicité du texte sur le Sahara, le Front a laissé éclater sa colère. Le Maroc se félicite de l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2602, prorogeant pour une année supplémentaire le mandat de la MINURSO au Sahara occidental. Une satisfaction exprimée dans une déclaration du représentant permanent du royaume à l'ONU, Omar Hilale. L'instance exécutive de l'ONU «a agi dans la continuité de ses quatre dernières résolutions. Le CS réaffirme la consécration du processus des tables rondes avec ses 4 participants : le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le "polisario", et ses mêmes modalités, en tant que cadre unique» pour les pourparlers, a précisé l'ambassadeur. En effet, le texte approuvé ce vendredi par les Quinze encourage, dans son paragraphe 6, à la reprise des «consultations entre l'envoyé personnel et le Maroc, le Front Polisario, l'Algérie et la Mauritanie» et de «s'appuyer sur les progrès réalisés» auparavant. Le Conseil se réfère, ainsi, aux Tables rondes de Genève de décembre 2018 et mars 2019. Pour rappel, Alger avait annoncé qu'elle ne participera plus à ces Tables rondes et plaidé pour des négociations directes exclusivement entre le Rabat et le Polisario. Par cette résolution 2602, «le Conseil de sécurité a, une nouvelle fois, décidé que l'objectif du processus onusien est de parvenir à une solution politique, réaliste, pragmatique, durable, mutuellement acceptable et basée sur le compromis à ce différend régional», indique Omar Hilale. L'ambassadeur marocain a réitéré, par ailleurs, le soutien du royaume à la mission du nouvel envoyé personnel pour le Sahara occidental. «Nous souhaitons à M. de Mistura plein succès et lui réitérons notre engagement constructif et notre détermination inébranlable pour la relance, dans les prochaines semaines, du processus des tables rondes, dans le cadre établi par le Conseil de Sécurité», a-t-il affirmé. Même son de cloche auprès du ministre des Affaires étrangères. «Le Maroc salue cette résolution importante au vu de son contexte, de son contenu et des positions exprimées lors de son adoption (..), et qui a conforté les acquis réalisés par le Royaume dans ce dossier», s'est félicité Nasser Bourita dans une déclaration à la presse. Le chef de la diplomatie a notamment souligné que «le Conseil de sécurité confirme que les tables rondes, citées à 4 reprises dans la résolution, sont le seul mécanisme pour la gestion de processus de négociation», appelant «l'Algérie à participer de manière responsable et constructive». Et de réitérer que le plan d'autonomie «est la seule perspective d'une issue au dossier du Sahara marocain». Le Polisario opte pour la fuite en avant En revanche du côté du Polisario, l'heure est à la colère. Et pour cause, les Quinze ont totalement ignoré ses principales revendications défendues par l'Algérie : pointer du doigt la responsabilité du Maroc dans la «reprise» de la guerre et élargir le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara. Face à ce revers, le Front a opté pour la fuite en avant avec un discours belliqueux. «Je voudrais dire haut et fort qu'il n'y aura pas de nouveau cessez-le-feu tant que l'Etat occupant marocain poursuivra, en toute impunité, ses tentatives d'imposer par la force un fait accompli colonial dans les territoires occupés de la République sahraouie», a menacé son représentant à New York Mohamed Ammar. Et d'enchainer en accusant le Conseil de sécurité de «ne rien faire face aux conséquences de la violation marocaine du cessez-le-feu, ce qui donne l'impression qu'il ne s'est rien passé de grave». Une allusion de sa part à la «guerre» que le Polisario et l'Algérie tentent d'imposer dans l'agenda de la communauté internationale. Mohamed Ammar a estimé que l'opération des Forces armées royales du 13 novembre 2020 à El Guerguerate «a conduit à l'effondrement du processus de paix des Nations unies au Sahara occidental» et risque de «déclencher une nouvelle guerre qui aura de graves conséquences sur la paix et la stabilité dans toute la région». L'Algérie, dont le Conseil de sécurité a consacré une nouvelle fois son rôle dans le conflit, n'a pas encore officiellement commenté la résolution 2602. Mais le ton ne risque pas d'être enjoué, les médias l'ont déjà qualifié de «montagne qui accouche d'une souris».