La présidente du conseil communal de Casablanca et désormais ex-ministre de la Santé, Nabila Rmili, a demandé à se consacrer à ses fonctions de maire de la métropole et s'est déchargée du portefeuille de la Santé. Qu'est-ce qui a motivé cette décision subite? La nouvelle a fait l'effet d'une bombe, le cabinet royal a annoncé dans un communiqué que Nabila Rmili, « a sollicité de se consacrer pleinement à ses fonctions de Présidente du Conseil de la ville de Casablanca. Et ce, après qu'elle se soit rendu compte de la charge du travail de cette mission représentative, et du suivi continu des affaires de ses habitants et des chantiers ouverts ». Et d'ajouter que ces projets pourraient « impacter les multiples engagements et le suivi quotidien que nécessite le secteur de la santé, surtout en cette période de pandémie ». Ainsi, le Roi Mohammed VI, a nommé, sur proposition du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, le ministre sortant Khalid Aït Taleb qui a repris sa place une semaine après l'avoir quittée. La décision de l'ancienne ministre de la Santé intervient dans un contexte très délicat dans lequel se trouve la capitale économique du Maroc et ville la plus peuplée du pays. La métropole connait une multitudes de chantiers lancés en même temps qui ont impacté la vie des Casablancais. Ces derniers ont rapidement laissé éclater leur colère lorsqu'ils ont appris la nomination de la maire de leur ville en tant que ministre de la Santé. Sur les réseaux sociaux, et les groupes dédiés à la ville tels que Save Casablanca, les publications appelant Nadia Rmili à faire un choix entre les deux mandats se sont accumulés et les critiques aussi. Pour les Casablancais, au vu de la charge immense que revêt la fonction de présidente du conseil communal, il serait impossible d'allier les deux missions, même si le cumul des mandats est tout à fait constitutionnel. La ville de Casablanca est en effet en plein travaux pour le rajout de lignes de tramway, le T3 et T4 qui doivent relier les quartiers de Sidi Othmane à Casa Port, et Hay Adi au Parc de la Ligue arabe, ainsi que deux autres lignes de bus rapide Casabusway dans les quartiers de Lisasfa et Arrahma et Maârif. Les travaux qui entrent dans le cadre du Plan Stratégique de Développement de Casablanca 2015-2025, sont tous lancés simultanément et interviennent avec la rentrée scolaire, synonyme de bouchons et de files d'attentes. Les habitants de la ville ont manifesté leur grand mécontentement à cause des heures passées coincés dans les bouchons dans les principales avenues et boulevards de la métropole, d'autant plus qu'actuellement les problèmes de circulation ont commencé à toucher mêmes les zones périphériques telles que Dar Bouazza ou encore Bouskoura. Outre les problèmes de la ville de Casablanca, Nabila Rmili avait devant elle d'autres chantiers, cette foi nationaux, et d'une importance capitale, dont celui de la généralisation de la protection sociale, dans un contexte de crise sanitaire du coronavirus qui est toujours d'actualité et qui demande une attention toute particulière. Et cela, sans parler du grand chantier de réforme du secteur de la Santé au Maroc, un dossier des plus compliqués à mettre en œuvre et sur lequel le Roi Mohammed VI, a insisté lors de son discours à l'occasion de l'ouverture de l'année législative. « Il (le gouvernement, ndlr) lui incombe également de parachever les grands projets déjà lancés, au premier rang desquels le chantier de généralisation de la protection sociale auquel Nous accordons une sollicitude toute particulière », a déclaré le souverain dans son discours. En insistant sur le fait que la réforme et la « mise à niveau » du système de santé est un « défi majeur » qui devrait se faire « conformément aux meilleurs standards et en synergie totale entre secteurs public et privé », a-t-il souligné. Face à tous ces enjeux de taille, et le discours royal qui est venu insister encore une fois sur l'importance du secteur de la Santé, Nabila Rmili n'a eu d'autre choix que de se rendre à l'évidence. Il lui aurait été extrêmement difficile de concilier les deux mandats. Pourtant, Mme Rmili savait quel type de charge de travail l'attendait lorsqu'elle a accepté de prendre la responsabilité de ministre de la Santé. Elle avait été élue maire de Casablanca le 20 septembre dernier et nommée ministre de la Santé le 7 octobre, soit avec près d'un mois d'intervalle. C'est donc en ayant bien étudié et réfléchi à la proposition de ministre de la Santé qu'elle a accepté cette mission s'est présentée devant le Roi pour prendre ses fonctions, avant d'opérer ce rétropédalage à la dernière minute et qui aurait permis de nommer quelqu'un d'autre à sa place au lieu de renouer avec Khalid Ait Taleb pour sauver la situation.