Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Un dicton qui s'applique parfaitement à Fouzi Lekjaâ qui a donné une autre dimension à son statut d'homme d'affaires et grand acteur du football marocain, après sa nomination dans le nouveau gouvernement en tant que ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des Finances, chargé du Budget. De nouvelles responsabilités qui risquent d'impacter son rôle en tant que président de la Fédération Royale Marocaine de Football. Lekjaâ saura-t-il jongler entre les deux? Fouzi Lekjaâ a été nommé jeudi 7 octobre 2021, ministre délégué auprès ministre de l'Economie et des Finances chargé du Budget. La nomination du patron du football marocain, âgé de 51 ans, est intervenue en même temps que celle des autres membres du gouvernement au cours d'une cérémonie présidée par le Roi Mohammed VI au Palais Royal à Fès et en présence de Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement marocain. Jusqu'à sa nomination, Fouzi Lekjaâ était le directeur du Budget au ministère de l'Economie et des Finances, mais n'avait jamais occupé un poste ministériel. Une haute responsabilité qui se chevauche avec celle qu'il occupe depuis 2014, celle de président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF). Cette nouvelle nomination a suscité des interrogations dans le monde du sport marocain, qui attend de connaître l'étendue de son impact sur son poste au sein de la FRMF, qui a connu ses plus grands succès durant le mandat de Lekjaâ. D'un autre côté, plusieurs rumeurs ont fait état d'une incompatibilité juridique pour Lekjaâ de mener à bien ses deux missions, de patron de la FRMF et de nouveau ministre délégué. Ministre et président, Lekjaâ dans l'illégalité? Contactée par Hesport, une source au sein de la Fédération a démenti l'existence d'un cas d'incompatibilité dans le poste de Lekjaâ en tant que président de la FRMF, et sa récente nomination en tant que ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des Finances, expliquant que ce dernier continuera de remplir ses fonctions normalement. La même source a expliqué que Lekjaâ est un technocrate et n'appartient à aucun parti politique en plus d'avoir exercé des fonctions similaires au ministère des Finances auparavant sans ingérence ou conflit avec sa présidence, ou son poste au sein de la Fédération Internationale de Football (FIFA). « L'affaire n'a rien à voir avec le chevauchement de la politique et du sport. La position de Lekjaâ n'est aucunement contradictoire, et la FIFA empêche le gouvernement d'interférer directement dans la gestion des affaires du football », précise la même source. In fine, Lekjaâ sera présent, en sa qualité de président de la FRMF, samedi prochain au stade Mohammed V de Casablanca, pour soutenir l'équipe marocaine dans son match contre la Guinée Bissau, pour le quatrième tour des éliminatoires zone Afrique de la Coupe du monde 2022. Une présence qui devrait conforter les supporters marocains et acteurs du football national dans l'engagement de Lekjaâ à continuer à élever le Royaume au plus haut niveau dans sa quête de l'excellence footballisque, comme il l'a déjà fait dans le passé. Lekjaâ, maître savant du football marocain Sans aucun doute, Fouzi Lekjaâ est l'un des meilleurs dirigeants du football dans le continent africain. Un visionnaire stratégique, un exécuteur impitoyable, passionné par le jeu et doté de vastes connaissances. Lekjâa a fait ses armes dans l'administration du football à la Renaissance Sportive de Berkane, dont il était le président. L'homme d'affaires a débuté à la RSB en 2009, alors qu'elle n'était qu'une équipe de troisième division, bien loin des titres de club continentaux dont elle peut se vanter aujourd'hui. Dans son esprit vif, il avait une vision claire qui pouvait facilement mettre le club sur le piédestal. Il devait s'assurer que le club disposait d'excellentes infrastructures, d'un système de gouvernance efficace et d'une stabilité financière. Alors que la vision colossale commençait à se déployer, la RS Berkane est passée d'un modeste club de troisième division à une équipe majeure de haut vol se battant pour les titres nationaux et continentaux. Fort de ses succès en club, il franchit en 2014 une nouvelle étape dans son parcours administratif en assumant le poste de président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), mettant en place une politique sportive ambitieuse avec une vision claire. En sa qualité de président de l'instance marocaine, Lekjaâ s'est penché sur le développement des infrastructures, cette fois à travers le pays d'Afrique du Nord. « Nous avons plus de 200 installations avec du gazon synthétique, nous avons une vingtaine de stades avec du gazon naturel et de l'éclairage, nous sommes dans une douzaine de centres de formation de clubs qui répondent à toutes les exigences, nous avons cinq centres régionaux, et nous avons géré tout cela avec le Complexe de football Mohammed VI, l'un des meilleurs centres au monde qui répond à toutes les normes », avait-il déclaré Lekjaa dans une interview en 2020. La gouvernance des clubs a également été mise au premier plan. Plus important encore, il s'est beaucoup concentré sur le développement des jeunes dans le but de dénicher les prochaines pierres précieuses du football du pays. Mais cela se ferait d'une manière unique, sans négliger l'éducation. Lekjaâ écrit l'histoire du football marocain En 2020, le Maroc est entré dans l'histoire lorsque quatre de ses équipes engagées en Ligue des champions et en Coupe de la Confédération de la CAF se sont qualifiées pour les demi-finales. Finalement, c'est ironiquement son ancien club, la RS Berkane qui a levé la Coupe de la Confédération. Avant le mandat de Lekjaa, les Lions de l'Atlas n'avaient pas atteint le premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) depuis 2004. Mais l'équipe qualifiée est allée jusqu'aux quarts de finale en 2017 et a dépassé le deuxième tour en 2019. Par ailleurs, le Maroc a réussi à se qualifier pour la Coupe du monde 2018 en Russie, 20 ans après sa dernière participation. La même année, ses joueurs à domicile ont été sacrés champions du CHAN ainsi que l'équipe nationale de futsal en 2020. Comme si cela ne suffisait pas, l'équipe nationale des moins de 20 ans du pays a réussi à se qualifier pour la Coupe d'Afrique des nations au niveau des moins de 20 ans. Cela survient après une absence de 15 ans du tournoi, qui se tiendra en Mauritanie le mois prochain. Sans aucun doute, celui qui est membre de la FIFA et de l'Union arabe de football a une vision claire du jeu africain, cohérente avec la stratégie qu'il a mise en œuvre avec succès dans le jeu marocain. Plus encore, le patron de la FRMF s'est avéré être un promoteur d'une plus grande coopération entre les pays africains, ayant signé plus de 40 accords de partenariat avec d'autres fédérations africaines. Il est convaincu que le succès du football africain ne peut être que collectif et prône la mutualisation des efforts.