La France accueille vendredi le nouveau format du sommet Afrique-France, avec un grand changement cette année, l'absence des dirigeants africains remplacés par des acteurs de la société civile. Ce 28ème sommet charnière intervient à un moment délicat pour la France qui fait face à des tensions diplomatiques avec plusieurs pays africains. Un sommet Afrique France au format inédit débute ce vendredi à Montpellier, une nouveauté qui ne laisse pas de marbre puisqu'après leur lancement en 1973, tous ces sommet entre la France et le continent africain connaissait la participation en premier lieu des chefs d'Etat africains. Cette fois, ce nouveau sommet les a éliminés pour favoriser une nouvelle forme de dialogue, plus connecté à la jeunesse du continent et « sortir des formules et des réseaux obsolètes » selon l'Elysée. Ainsi, ce sont essentiellement des jeunes Africains qui ont été invités pour tenter cette nouvelle expérimentation visant à refonder la relation entre l'Hexagone et les pays africains. Pour cela, 700 jeunes de la « société civile », des sportifs, des entrepreneurs et artistes ont été sélectionnés pour venir à Montpellier participer aux tables rondes autour de cinq grandes thématiques définies, à savoir l'engagement citoyen, l'entreprenariat, la recherche, la culture et le sport. Et sur les 2.500 à 3.000 personnes invitées au « nouveau sommet Afrique-France », un quart des participants ont fait le déplacement depuis l'Afrique. Ils pourront parler de sujets de discorde aussi, « les sujets qui fâchent seront sur la table », selon l'Elysée, comme les interventions militaires françaises, les questions de souveraineté, de gouvernance, et de démocratie. Ce sommet intervient alors que la France fait face actuellement à des enjeux stratégiques en Afrique où elle voit son influence menacée par d'autres puissances comme la Russie au niveau militaire et la Chine au niveau économique. En outre, la France est en crise diplomatique avec certains pays africains comme le Mali et l'Algérie, deux pays où la France a une forte présence et influence, mais aussi avec la Centre-Afrique avec qui Paris entretient des relations conflictuelles depuis quelques mois, donnant lieu au gel de ses aides budgétaires et sa coopération militaire suite à des accusations de campagne anti-française et surtout à cause de la présence de mercenaires russes. Les relations avec le Mali sont aussi très tendues depuis que la France a été accusée d'avoir laissé tombé le pays après 8 ans de mission pour sécuriser le Sahel en prise à la menace djihadiste. Le ton est vite monté entre Paris et Bamako, et même si aujourd'hui le Mali tente d'apaiser les tensions, il ne cache pas son volonté de remplacer les militaires français par les mercenaires russes Wagner. Et avec l'Algérie, les relations sont aussi très conflictuelles depuis les propos tenus par le président Emmanuel Macron vis à vis du système « politico-militaire » algérien et de son questionnement de l'existence d'une nation algérienne avant 1962, année de l'indépendance du pays. Ces propos ont provoqué des réactions incendiaires à Alger qui a rappelé son ambassadeur et qui a fermé son espace aérien aux avions militaires français en signe de protestation.