Décidément, ce mois d'août en Algérie est des plus maudits. Mais entre nous et à bien y regarder, la malédiction -de mains d'hommes d'Etat- s'est imposée de façon très claire bien avant les fléaux aoutiens qui ont frappé la patrie sœur, à travers les feux de forêts en Kabylie, les crises d'oxygène médical, Dame Covid toute de résurrection de ses variants, le manque d'eau et tout dernièrement la crise qui frappe le "khoubz » plutôt "lkoumira" ou la baguette de pain. Des petites misères qui sont venus s'incruster aux grèves, Hirak, chômage et paupérisation de plus en plus évidente des citoyens algériens, flambées des prix, pénuries de denrées de base... Avec tous ces ingrédients conjugués à la crise économique qui sévit en Algérie et qui ont marqué la vie publique en Algérie, convenons-en, nous sommes au bord de l'explosion sociale à l'Est de l'Eden. Cela a débuté quand ce brave "Boutef" devint légume pour généraux en détresse, ouvrant ainsi, d'une folle obstination à vouloir briguer un énième mandat, la voie au Hirak et puis ça s'est accentué avec l'avènement d'un président reformaté militairement, une marionnette mal élue et au nom imprononçable. Mais la situation économico-sociale de l'Algérie qui s'aggrave de jour après jour et entraîne la paupérisation de couches entières de la population algérienne, n'est pas tant le sujet, ici. La crise de pain qui sévit actuellement en Algérie en sera donc la question à traiter, bien que la hausse des prix qui envahit les marchés des fruits et légumes à la lumière de la crise sanitaire et qui est en train de mettre en ébullition la société algérienne ne soit pas à négliger. Si cette situation persiste, l'Algérie ne sera pas loin d'une explosion sociale. C'est que ce pays frère demeure, au côté de l'Egypte, l'un des plus gros consommateurs de pain dans le monde, selon les statistiques de la FAO, une famille moyenne en Algérie consomme jusqu'à 10 baguettes par jour. A ce propos les citoyens algériens se plaignent de la pénurie du pain subventionné ou ce qu'on appelle communément le pain normal. Celui-ci censé coûter 7,50 dinars, est proposé à 10 dinars la baguette quand on le trouve (100 dinars équivalent à 0,65 euro). D'ailleurs, chez les boulangers, il n'est disponible que durant la matinée quand il n'y a pas cohue. C'est ainsi que des perturbations en ce sens ont eu lieu dans plusieurs localités des wilayas d'Algérie et notamment de Tipasa et Alger. Depuis le nombre d'incident, les rumeurs sur une nouvelle crise qui toucherait un produit alimentaire de base ne cesse de se répandre. Des rumeurs ? pas tellement car les images dans les réseaux sociaux qui les accompagnent montrent les files d'attente devant les entrées des boulangeries, qui en désespoir de cause annoncent à qui veut les entendre, la rupture du stock beaucoup plutôt qu'à leur habitude tandis que d'autres ont tout simplement baissé rideau. Principale cause, la hausse des prix qui a touché la farine et qui ont atteint les 750 DA le sac de 25Kg, chez certains distributeurs et minotiers. Cette situation dure depuis quelques semaines et les démentis du ministère du Commerce, n'y font rien pour dissiper les craintes de la pénurie en la matière. La Fédération nationale des boulangers d'Algérie, a évoqué une baisse de la production depuis le début du mois d'août, à 41 millions de baguettes, alors que le niveau requis s'élève à environ 72 millions de baguettes par jour. Les boulangers expliquent cette situation par le manque de farine. Ils ne reçoivent pas une quantité suffisante de farine. Pire encore, ils la paient plus cher, rendant difficile de maintenir le prix de 10 dinars pour une baguette de pain normal. Cette farine leur coûte entre 50 et 150 dinars de plus qu'auprès des minoteries publiques. Aussi pour amortir ces pertes, les boulangers proposent toutes sortes de pains améliorés au prix de 15 ou à 20 dinars la baguette ce qui n'est pas à la portée des petites bourses. Une situation susceptible de provoquer la colère du consommateur dont le pouvoir d'achat n'a de cesse de chuter. Pour arranger le tout, le sort s'en est mêlé, à moins que ce soit encore le Maroc. Hier mercredi 25 août 2021, un immense incendie dont l'origine demeure toujours inconnue s'est déclaré, dans une minoterie des Aurès, dans la wilaya de Batna, environ à 400 kilomètres d'Alger. Ce sinistre intervient au moment où une tension sur la farine et la crise du pain, notamment celui subventionné ou normal, battent leur plein. D'importantes unités de transformation du blé du pays, avec une capacité quotidienne d'environ 5 000 quintaux entre semoule et farine sont parties en fumée.