Première victoire pour le plan Biden sur les infrastructures. Il veut « transformer » l'Amérique en rénovant ses routes et ses ponts vieillissants, et si possible en calmant un peu les antagonismes politiques: Joe Biden semblait mardi en passe de gagner au moins la première partie du pari, après le vote au Sénat d'un colossal projet de rénovation des infrastructures. Ce plan d'investissement d'un montant total de 1.200 milliard de dollars, crucial pour le président démocrate, a été adopté par 69 voix contre 30, avec le soutien de plus d'un tiers des républicains, dans ce même Capitole qu'avaient envahi en janvier des partisans de Donald Trump. Le score est en lui-même une victoire pour Joe Biden, confronté à un Congrès ultra-divisé. Le président américain a salué mardi dans un discours un projet « historique » qui va « transformer l'Amérique », et lui assurer une prospérité de long terme. « Nous sommes encore capables de nous rassembler pour faire de grandes choses », a dit M. Biden, qui promet de « reconstruire en mieux » les Etats-Unis, pour tenir tête à la voracité économique, technologique et diplomatique de la Chine. L'ancien sénateur, rompu aux joutes parlementaires, a souligné le « courage » des élus républicains ayant voté pour le projet de loi. L'ex-président Donald Trump, toujours très populaire dans le camp conservateur, n'a eu de cesse de tempêter contre un projet qu'il qualifie de « honte », menaçant de représailles les républicains qui voteraient pour. Tout n'est pas gagné toutefois, et le prochain risque vient du propre camp de Joe Biden. Le texte objet de négociations devra désormais être soumis au vote de la Chambre des représentants, où son avenir est plus incertain car des tiraillements ont émergé au sein de l'étroite majorité démocrate. Le plan Biden sur les infrastructures prévoit 550 milliards de dollars Le plan Biden sur les infrastructures prévoit 550 milliards de dollars de nouvelles dépenses fédérales dans les routes, les ponts, les transports, mais aussi dans l'internet à haut débit et pour lutter contre le changement climatique, en montant par exemple un réseau de bornes de recharge prou voitures électriques. Si l'on prend en compte la réorientation d'autres financements publics existants, il atteint au total 1.200 milliards de dollars – l'équivalent du PIB de l'Espagne en 2020. Maintenant que le plan sur les infrastructures a été adopté, le Sénat s'est tourné dès mardi vers un autre volet majeur du programme de Joe Biden: investir 3.500 milliards de dollars, soit presque l'équivalent du PIB en 2020 du géant économique qu'est l'Allemagne, dans les « infrastructures humaines ». Comprendre: une avalanche de dépenses sociales dans l'éducation, la santé, le marché du travail et le climat, avec notamment des mesures de transition énergétique censées permettre aux Etats-Unis de respecter les ambitieux objectifs climat de Joe Biden. Le démocrate veut ramener à zéro les niveaux de pollution dans le secteur énergétique américain d'ici 2035 et que l'économie du pays atteigne une neutralité carbone d'ici 2050. Un montant fou, considèrent les républicains, qui ont promis de s'y opposer farouchement. Pour contourner leur possible blocage au Sénat, les démocrates vont utiliser une voie parlementaire qui promet de longues semaines de procédure. Prochaine échéance: le 15 septembre pour présenter le projet de loi final, avec un montant définitif et les moyens de le financer. Deux points qui ne font pas encore l'unanimité chez les démocrates, des centristes ayant déjà signalé qu'ils trouvaient la facture trop chère.