La décision du gouvernement espagnol d'envisager de gracier les 12 politiques catalans condamnés pour sédition a provoqué de vives réactions dans la sphère politique et même parmi le peuple d'Espagne. En effet, ils sont 7 Espagnols sur 10 à rejeter cette grâce qui très certainement et en dépit d'une opinion publique très défavorable devrait être accordée très prochainement. Selon une enquête menée par l'organisme SocioMétrica, 78,1% des Espagnols pensent que la grâce des condamnés serait « un encouragement pour que l'indépendantisme répète son défi », et 72,5% des propres partisans socialistes sont contre cette décision du gouvernement. Cette dernière restant du domaine de la souveraineté de l'exécutif espagnol et même du roi Felipe VI dont on dit des accointances sur le sujet avec Pedro Sanchez. Les douze concernés, expression qui sonne comme le titre d'un film, sont en réalité neuf à goûter à la paille de la prison de Lledoners, au nord de Barcelone purgeant en cela des peines de de 9 à 13 ans. Ces derniers ont pour nom, Oriol Junqueras, Raul Romeva, Jordi Turull, Josep Rull, Joaquim Forn, Dolors Bassa, Carme Forcadell, Jordi Cuixart, Jordi Sanchez… et ont écopé de peines de prison pour sédition (et leurs compagnons Santi Villa, Meritxell Borras et Carles Mundo de peines d'inhabitation de 1 an et 8 mois). Le gouvernement espagnol présidé par Pedro Sanchez envisage désormais de gracier ces représentants politiques catalans afin de débloquer la situation et de démarrer une nouvelle étape de dialogue avec les indépendantistes. Bien qu'il ne l'ait pas dit expressément, l'exécutif espagnol demeure déterminé dans son engagement en faveur des grâces et dans cet esprit, plusieurs membres du gouvernement sondent déjà le terrain pour se faire à l'idée de ce qu'une mesure de grâce même de manière partielle pouvait apporter de populaire. De plus, Pedro Sanchez en bon « voix de son maître » s'est mis, n'en déplaise au gré des Espagnols, à l'écoute du Conseil européen qui recommande également à l'Espagne de lancer « un dialogue ouvert et constructif avec l'ensemble des forces politiques de Catalogne« . Pedro Sanchez a fait valoir ces dernières heures, que « la discorde ne construisait pas un pays ». Il l'a déclarée depuis le Costa Rica, la dernière étape de sa tournée en Amérique latine, et s'est posé moult questions sur la manifestation prévue ce dimanche à la « Plaza de Colon de Madrid », organisée par le PP, Cs et Vox pour rejeter la décision des grâces que le chef du gouvernement envisage d'accorder aux politiciens catalans emprisonnés depuis octobre 2017. « Même en étant conscient qu'il y a des compatriotes avec des scrupules à pardonner aux politiciens catalans, je leur demande de comprendre. Qu'ils croient que le défi en vaut la peine et que nous devons passer d'un mauvais passé à un avenir meilleur et que la patrie se construit dans la coexistence, dans le respect de la légalité démocratique et dans la coexistence », a souligné le chef de l'exécutif. Blablaba que l'on ne considère guère plus dans la Péninsule. Et de plus, ce n'est pas de l'avis de tous, car même dans le camp de gauche on n'est pas très porté sur la chose. Par exemple, pour le leader des socialistes catalans, Salvador Illa, « Les grâces sont un geste de magnanimité, de générosité et d'affirmation de l'Etat de droit ». Il souligne au demeurant que cette décision, bien réfléchie à la Moncloa, a été prise non pas en fonction des sondages, mais plutôt à cause des « convictions politiques que chacun peut défendre ». Et d'enfoncer le clou, « Ceux qui ne recherchent que l'intérêt électoral » ne peuvent rendre de service ni à l'Espagne ni à la Catalogne ». Le leader de l'opposition et président du PP, Pablo Casado, qui a occupé en ce matin du dimanche, une place de choix dans la manifestation de Madrid, en a, d'ailleurs accusé le chef du gouvernement, "Sanchez s'est donné aux indépendantistes", ajoutant, "Il ne trompe plus personne". Pour Casado, Sanchez s'est « installé dans le syndrome de Stockholm » et c'est pourquoi il voit « les indépendantistes, les radicaux et les batasunos » comme ceux qui recherchent l'harmonie. « Il a été kidnappé par le mouvement indépendantiste et le radicalisme parce qu'il le voulait », a-t-il insisté. Pour sa part, le porte-parole national des conservateurs, José Luis Martínez-Almeida, a prédit le coût énorme que cela représenterait pour Sánchez de gracier les dirigeants indépendantistes. « Sanchez peut pardonner à ces criminels, mais les Espagnols ne vont pas lui pardonner », a également prévenu le maire de Madrid. En opposition aux recommandations de l'Union européenne, le Tribunal Suprême de la justice espagnole recommande de rejeter la demande de grâce et de libération des prisonniers politiques catalans. Dans son rapport, ce tribunal explique que « dans une société pluraliste basée sur des valeurs démocratiques, la rupture des bases de la cohabitation ne doit jamais être le fruit d'une décision unilatérale, poussant de manière trompeuse les citoyens à construire un nouvel Etat qui n'existe que dans l'imagination de ses promoteurs ».