A exposer les principaux atouts de l'agriculture marocaine, force est de constater que malgré les contraintes, c'est un secteur stratégique pour le développement socio-économique du pays depuis plus de six décennies. Le secteur a connu de nombreux programmes de développement agricole et rural et de réformes structurelles pour permettre au Royaume d'assurer sa sécurité alimentaire et de contribuer à la croissance économique du pays. Les politiques agricoles qui se sont succédé, même si elles ont contribué à des progrès indéniables, n'ont pas vraiment pu ou su, aborder le développement agricole dans sa totalité, dans sa diversité et dans sa relation fondamentale avec le développement rural et avec la durabilité et surtout à le mettre au diapason des mutations qui s'opèrent actuellement dans le monde. Conscient de l'impact du digital et des nouvelles technologies, le Maroc, les a placés quelque peu tardivement au cœur du développement de son secteur agricole. C'est cette partie d'ailleurs de l'iceberg qui a été abordée récemment lors d'un webinaire organisé par Impact Lab., autour du thème « AgriTech : le futur de l'agriculture au Maroc », avec la participation de quatre éminents spécialistes en la matière, Mouhsine Lakhdissi, co-fondateur et « Chief Technical Officer » (CTO) ou Directeur des nouvelles technologies en charge de l'innovation technique et du déploiement de technologies adaptées, d'Agridata Consulting, Kenza Barrada, entrepreneure spécialisée en développement de l'humain et des organisations, Hamza Rkha, fondateur de Sowit, et Faissal Sehbaoui, directeur général d'AgriEdge. Ils ont, tour à tour, dressé lors de ce webinaire modéré par Salma Kabbaj, l'état des lieux et les perspectives d'avenir d'un secteur qui couci-couça tente de suivre le rythme effréné de l'évolution du secteur vers la digitalisation au niveau mondial. Le webinaire organisé encore une fois par Impact Lab, l'accélérateur d'innovation africain, en présence d'acteurs clés du domaine et de plus de 200 participants, a permis d'échanger sur le rôle des nouvelles technologies et de l'entrepreneuriat pour adresser les enjeux clés du secteur, telles que l'agriculture durable, la sécurité alimentaire ou la création de richesse dans le monde rural. Et si on s'est accordé généralement à reconnaître que la croissance du secteur agricole ainsi que l'agriculture du futur reposent essentiellement sur les nouvelles technologies qui offrent aux agriculteurs les bons outils pour améliorer leurs rendements, on n'aura pas occulté au passage les nombreux défis que rencontre le secteur. Mouhsine Lakhdissi encouragera les entrepreneurs à s'accrocher car les prémices sont là en dépit d'un contexte quelque peu compliqué et où les moyens mis à disposition ne sont pas à l'image de ce qui se fait à l'international. Pour le co-fondateur d'Agridata Consulting, il demeure des possibilités de succès et de réussite. En effet, les premières mutations induites par les nouvelles technologies influencent déjà, quoique timidement, la croissance agricole marocaine. Quant à Faissal Sehbaoui, directeur général d'AgriEdge, obnubilé par la croissance démographique tant il est vrai qu'à l'horizon 2050 ce seront 9 milliards de bouches à nourrir, le défi consiste à produire plus et mieux en réduisant le gaspillage, en optimisant des ressources naturelles notamment l'eau et en protégeant l'environnement pour une production durable. Kenza Berrada, entrepreneure dédiée au développement de l'humain et à des organisations, tout en se félicitant du savoir marocain en la matière exporté çà et là à travers la planète ainsi que l'expertise et le rôle des groupes nationaux "dans l'innovation et la transmission de bonnes pratiques innovantes", elle regrettera cependant le défaut de relève "de jeunes pousses entrepreneuriales". L'innovation, le progrès technique ou une meilleure formation de la main-d'œuvre n'ont pas été en reste à des fins d'amélioration de l'efficacité des ressources disponibles, selon notre gotha du jour, et surtout afin de rattraper le retard pris malgré d'importants progrès. Tant bien même, que les agriculteurs marocains aient, depuis des années, eu accès à des logiciels de gestion de plus en plus sophistiqués, l'objectif est d'améliorer la gestion l'exploitation agricole et donc d'accéder à de meilleurs rendements et une meilleure productivité. Ils ont donc besoin, d'outils de nouvelles technologies pour gérer leurs fermes ou parcelles de terre mais l'accès à l'information est également une priorité pour ces derniers comme le rappellera à maintes reprises Kenza Berrada. In fine, si l'on s'est accordé à dire en ce webinaire qu'envers l'agriculture de demain nous étions presque prêts mais... que des efforts pour se mettre à niveau par rapport à ce qui se fait ailleurs sont encore nécessaires. Il faudra d'abord, définir les carences qui retardent la charrette, avant que de cultiver la terre , sachant que l'agriculture constitue une activité importante au Maroc. Le secteur agricole représente 14 % du produit national brut (PIB) et emploie plus de 40 % de la population active.