Le Maroc a annoncé, jeudi 6 mai, le rappel de Zohour Alaoui, son ambassadrice en Allemagne, pour consultations, selon un communiqué du département de Nasser Bourita. Cette mesure s'explique par les récentes tensions entre les deux pays, animées par des actions « hostiles » et « attentatoires » à l'égard du Royaume du Maroc, affirme le ministère. Le Maroc s'exprime enfin sur l'affaire des tensions inexpliquées avec Berlin. Rabat dénonce une « adversité constante » et « inacceptable » de l'Allemagne vis à vis du Maroc. En mars, un document fuité du ministère marocain des Affaires Etrangères qui appelait à la cessation de toute collaboration avec les représentation allemandes accréditées à Rabat, avait créé la polémique et suggérait un comportement inadéquat voire hostile de l'Allemagne vis à vis du Maroc. Cet événement rare avait provoqué une réaction immédiate chez Berlin qui a invité l'ambassadrice du Maroc, Zohour Alaoui, à expliquer les raisons de la réaction marocaine. Lors d'une conférence de presse, Christofer Burger, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand avait réitéré l'attachement de son pays à la collaboration avec le Royaume. « De notre point de vue, il n'y a pas de raison que les relations diplomatiques soient affectées. L'Allemagne et le Maroc collaborent étroitement depuis de nombreuses décennies, ce qui, à notre avis, est toujours dans l'intérêt des deux pays », a-t-il affirmé, ajoutant que « rien n'a changé dans la politique allemande à l'égard du Maroc ». Pourtant, bien des événements récents ont suggéré une approche différente de Berlin concernant des dossiers de la plus grande importance pour le Maroc, que Hespress FR a traité et analysé dans plusieurs articles. Jeudi, le Maroc sort enfin de son silence pour exprimer avec la plus grande fermeté et sans mâcher ses mots ce qu'il reproche à l'Allemagne. Rabat évoque 3 grandes raisons, dont la première étant le dossier du Sahara marocain, la seconde une attitude déloyale envers la coopération du Maroc et enfin le dossier libyen. Dans son communiqué, le ministère des Affaires Etrangères a dénoncé les actes « hostiles » et « attentatoires » de la République Fédérale d'Allemagne envers des « intérêts supérieurs » du Royaume du Maroc. Il relève une attitude « négative » de Berlin concernant la question du Sahara marocain avec un « activisme antagonique » suite de la Proclamation présidentielle américaine reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara. En effet, suite à la reconnaissance par l'ancien président Donald Trump de la reconnaissance américaine de la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara, l'Allemagne avait réclamé une réunion d'urgence du conseil de sécurité qui s'est déroulée à huis clos. Pour Rabat, il s'agit d' »un acte grave qui demeure jusqu'à présent inexpliqué ». Le Maroc a également évoqué sans le nommer un « ex-condamné pour des actes terroristes » avec qui les autorités allemandes complotent « en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains à leurs homologues allemands », ajoute le document. Rabat a ajouté en troisième lieu les agissements hostiles de l'Allemagne envers le Maroc sur le dossier libyen qu'il a porté depuis le déclenchement de la crise. Le ministère des Affaires Etrangères a dénoncé un « acharnement continu à combattre le rôle régional du Maroc » et des tentatives pour l'écarter notamment de réunions régionales. Le document cite à ce titre le conférence de Berlin de janvier 2020, à laquelle ni le Maroc ni la Tunisie n'avaient été conviés contrairement à l'Algérie, pays qui était pourtant absent depuis de nombreuses années de toutes les manifestations diplomatiques et surtout dans le dossier libyen. Après cette grave bourde diplomatique intentionnelle de Berlin, le Maroc avait exprimé son étonnement face à son exclusion d'autant plus que cette réunion était préparée depuis de nombreux mois. Suite à cet événement, Berlin avait tenté de « réparer » son erreur en invitant le Maroc à une nouvelle réunion qui a été déclinée par Nasser Bourita.