La crise diplomatique entre le Maroc et l'Allemagne vient d'être actée officiellement par Nasser Bourita qui a rappelé l'ambassadrice du Maroc à Berlin pour consultation. Le Maroc a annoncé, ce jeudi, le rappel pour consultations, de son ambassadrice en Allemagne, Zohour Alaoui. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidants à l'étranger a indiqué que la République Fédérale d'Allemagne a «multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l'égard des intérêts supérieurs du Royaume du Maroc». «L'Allemagne s'est démarquée par une attitude négative sur la question du Sahara marocain. Son activisme antagonique, à la suite de la Proclamation présidentielle américaine reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara, est un acte grave qui demeure jusqu'à présent inexpliqué.» «Les autorités de ce pays agissent avec complicité à l'égard d'un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains à leurs homologues allemands», dénonce le ministère. Celui-ci pointe aussi du doigt l'«acharnement continu à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen, en tentant d'écarter, indûment, le Royaume de certaines réunions régionales consacrées à ce dossier comme celle tenue à Berlin». «Pour toutes ces raisons et à cause de cette adversité constante et inacceptable, le Royaume du Maroc a décidé le rappel, pour consultations, de l'Ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Berlin», conclut le communiqué. Deux mois de tensions Le 1er mars dernier, le ministère marocain des Affaires étrangères a annoncé la suspension de toute communication entre le gouvernement du Maroc et l'Allemagne. Dans un document signé par Nasser Bourita, le département expliquait cette décision par «des malentendus profonds avec la République fédérale de l'Allemagne au sujet des questions fondamentales du Royaume du Maroc». Sous couvert d'anonymat, une source sécuritaire a confié à Yabiladi que «la colère du Maroc est liée à des soupçons d'espionnage», ajoutant que «Berlin aurait envoyé des informateurs pour la collecte d'informations très sensibles sur le royaume». En ligne de mire, l'ambassade d'Allemagne et les fondations politiques allemandes au Maroc. Quelques jours plus tard, des sources de renseignements étrangers, citées par El Espanol, ont indiqué que «le contre-espionnage allemand a obtenu des informations secrètes et sensibles au Maroc sur ses plans d'action dans les pays européens». «L'intention était de s'affirmer comme un allié de l'Allemagne dans la lutte contre le crime organisé. En retour, Rabat voulait que Berlin reconnaisse la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental», expliquent les mêmes sources, ajoutant que «le Maroc a cherché à mettre en place un schéma de coopération bilatérale en Europe centrale similaire à celui qu'il entretient avec ses grands alliés sur le continent, tels l'Espagne et la France (…) dans le contrôle le trafic de drogue et les migrations». A rappeler qu'au lendemain de la colère du Maroc, l'ambassadrice du royaume à Berlin a été convoquée par le secrétaire d'Etat du ministère fédéral des Affaires étrangères pour une discussion urgente et pour expliquer la décision» de suspendre tous les contacts avec l'ambassade d'Allemagne à Rabat.