L'affaire de l'hospitalisation « secrète » du chef du polisario, Brahim Ghali, en Espagne a compromis la version de l'Algérie selon laquelle elle n'est pas partie prenante dans le conflit du Sahara. Depuis la révélation de l'affaire il y a deux semaines, la presse algérienne se fait discrète. Alors que l'affaire fait la Une de tous les médias espagnols et marocains et intéresse aussi les médias français depuis deux semaines, l'Algérie, instigatrice de ce scandale qui plombe les relations de coopération entre Rabat et Madrid, reste silencieuse. Toute la presse algérienne qui a pour habitude de beugler à longueur de journée pour attaquer le Maroc et défendre les séparatistes (que le régime algérien a créé en 1976 au lendemain du départ du colonisateur espagnol, ndlr), a subitement fait appel à son droit à garder le silence. Alors que le régime algérien et sa presse ne ratent aucune occasion de taper sur le Maroc et voient dans chaque actualité se passant au royaume une menace ou un complot, allant même à supposer que le rétablissement des relations diplomatiques avec Israël est dirigé contre Alger, cela fait pourtant exactement 16 jours que c'est le black out total dans la presse algérienne sur Brahim Ghali. Et ce ne sera pas la première fois que le régime algérien observe une longue période de silence dans une affaire ayant trait au Maroc. Alger était restée silencieuse après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, même chose concernant la reprise diplomatique avec l'Etat hébreu. Deux événements que les services secrets algérien n'avaient pas vu venir. Mais cette fois-ci, c'est pour une affaire où l'Algérie est responsable au premier degré, que le régime algérien se défile, encore une fois. Il se trouve que la révélation au grand public de l'hospitalisation « secrète » de Brahim Ghali en Espagne apporte une preuve indiscutable de l'implication du régime algérien dans le conflit du Sahara. Pourtant l'Algérie a choisi de se taire sur cette affaire, et c'est au moins pour trois raisons, dont la première est qu'elle se délecte de voir les relations entre le Maroc et l'Espagne se détériorer, au moment où elle a toujours accusé Madrid et Paris de soutenir Rabat dans le conflit du Sahara. Deuxième raison dans le silence du commandement militaire algérien, c'est qu'il est toujours estomaqué de voir que même avec la complicité au plus haut niveau de l'Espagne, le quatrième pouvoir qu'il étouffe chez lui, triomphe ailleurs. L'Algérie qui musèle la presse sur son territoire, emprisonne les voix dissidentes comme les indépendantistes kabyles du MAK, les journalistes qui font simplement leur travail en couvrant les manifestations du Hirak, où ceux qui rapportent la réalité des laissés pour compte dans le sud algérien, n'a pas réussi à avoir d'emprise en dehors de ses frontières, en témoigne le projet de déchéance de nationalité qui visait des bloggeurs algériens installés à l'étranger, avorté depuis face à la colère populaire. Le phénomène de purge qui touche tout ce qui a trait aux médias, concerne même les politiciens et les universitaires aujourd'hui. Ils sont tous menacés de poursuites judiciaires pour avoir fait des sorties médiatiques dans la presse étrangère. Troisième raison, la peur et la stupeur, deux sentiments qui marquent au fer rouge la révélation au grand public de ce scandale de complicité entre deux Etats pour accueillir en douce un criminel notoire. Cette opération montée et réglée comme du papier à musique par les soins des militaires algériens a faussé tous leurs calculs et met à nu leur incapacité à garder secrètes leurs manigances visant l'intégrité territoriale du Maroc. Si l'Algérie garde son silence, c'est qu'elle est terrorisée de voir qu'une « opération secrète » d'aussi grande importance pour la diplomatie algérienne a humilié le président algérien Abdelmadjid Tebboune et les services secrets algériens. A présent, les services algériens ont la confirmation que plusieurs pays étrangers ont une longueur d'avance sur leurs plans. Terrorisée aussi parce que cette affaire est loin d'être terminée et donne un argument de plomb au Maroc pour prouver devant l'ONU et le futur envoyé du secrétaire général des Nations Unies, que c'est l'Algérie l'acteur principal de cette comédie, le marionnettiste derrières les séparatistes du polisario. Enfin, s'il s'abstient jusqu'à aujourd'hui de commenter à travers la presse à sa solde, c'est également parce que le régime militaire algérien attend le ventre noué de voir si le plan va tomber à l'eau une deuxième fois avec le fonctionnement de la justice espagnole contre Brahim Ghali après les multiples plaintes à son encontre.