Plus d'une large centaine de jeunes marocains ont atteint le préside occupé de Sebta à la nage ce week-end et trois personnes au moins, ont laissé leur vie en mer. Le flux est loin de se terminer puisqu'en ce début de week-end et jusqu'à aujourd'hui, malgré plusieurs tentatives avortées par la Gendarmerie Royale des dizaines de Marocains se jetaient encore à la mer depuis Fnideq, tentant d'atteindre l'enclave occupée. Profitant du moment de la rupture du jeûne, convaincus que la vigilance serait bien moindre, nos jeunes compatriotes, pour certains, équipés de combinaison et de palmes, bravent le danger des vagues tentant d'atteindre par la seule force de leur bras ce qui leur semble être un eldorado. Force est de constater que pour ce qui est du triste évènement de ce week-end, il ne s'agit nullement de Subsahariens, mais bel et bien de Marocains. Des images postées sur les réseaux montrent le désarroi qui a gagné nos jeunes à risquer leur vie. Pour l'heure ils sont plus de 150 à avoir été relégués dans un hangar en attente de leur refoulement vers le Maroc dans le cadre d'accords entre l'Espagne et le Royaume qui incluent la réouverture exceptionnelle des frontières pour ce faire alors qu'elles sont hermétiquement fermées depuis que Dame Covid sévit. Depuis mardi donc, on active le retour des Marocains entrés à la nage depuis le week-end dernier. Il était prévu le retour d'une centaine sur les 130 personnes entrées à Sebta (exceptés les mineurs), mais une heure après l'Iftar hier, le Maroc n'en avait accepté que 23, bien moins que prévu. Aujourd'hui à l'aube, une quarantaine de transferts devaient être effectués. De cet évènement, on va dire en même temps fortuit et somme toute normal, on est en droit de s'interroger triplement. Qu'est ce qui pousse ces jeunes marocains à fuir en masse leur pays par groupes et rejoindre, une exode qui au bout, leur sera fatale ou tout au moins est des plus risquées car, si ce n'est la mer qui s'opposera à leur velléités, l'homme s'en chargera d'une manière ou d'une autre, avec pour l'issue la plus heureuse, un retour à la case de départ. D'aucuns attribuent cela aux conditions socio-économiques et à la situation de précarité dues à la crise sanitaire qui en découle, ainsi qu'à la fermeture des frontières avec l'enclave occupée. Mais le mal, semble bien plus profond au regard des manifestations à l'improviste qui éclatent récurrentes dans cette région du nord du Royaume. Secundo, il ne faut pas se leurrer la face, la véritable raison n'est ni plus ni moins pour une bonne frange de citoyens de cette région du Maroc, que la fermeture des frontières depuis un an. C'est un secret de Polichinelle, on vivote de côté-ci du Maroc de commerce frontalier grâce à l'activité de contrebande de marchandises de Sebta et Melilla. Des centaines, voire plus, de familles en dépendaient. Avec la crise sanitaire, la fermeture des frontières des milliers de gens se sont retrouvés sans ressources, d'où ce malaise qui crescendo se dirige vers la fronde caractérisée. Il est encore temps d'arrêter l'hémorragie. Le cas se pose aussi pour les rives océanes du sud du Royaume où les candidats sont légion à lorgner les Canaries. Tercio, que fait-on des deux côtés de la rive pour empêcher cela, si ce n'est signer des accords d'une vague promesse de limiter le flux d'immigration, d'un côté ce qui n'est pas toujours évident, contre des fonds, pour achat de matériel et autres à ces fins justement et qui in fine ne serviront pas à grand-chose. Non ! entre l'UE, l'Espagne et le Maroc il en faut bien plus que cela, comme d'autres investissements économico-sociaux plus sérieux et humanitaires qui inciteraient à retenir les populations dans leur pays. Ce qui s'est passé ce week-end a clairement mis en évidence la crise entre l'Espagne et le Maroc, qui interprétée politiquement démontre clairement que les relations entre les deux pays ont pris un sérieux coup de froid. Dégradées depuis que le sommet Maroc-Espagne a été reporté, elles ne sont que le reflet, de plus en plus, d'une situation d'entêtement qui va à contre-courant d'une logique de voisinage à forte valeur ajoutée. Ironie du sort, c'est Podemos qui s'est soulevée contre la décision convenue entre les gouvernements espagnol et marocain de refouler nos compatriotes arrivés à la nage à Sebta. Le parti hostile au Maroc y décrit « la législation européenne, la Constitution espagnole, la convention des Nations Unies à Genève, la directive sur l'asile, la violation des droits de l'homme "contraire à" la décence humaine élémentaire ». La formation d'extrême gauche à travers un communiqué officiel a expliqué ses dires par, « En raison de la situation grave que nous traversons tous dans le monde à la suite du Covid-19, nous comprenons que ce n'est pas le moment de renvoyer les personnes qui risquent leur vie à la recherche d'un avenir meilleur ». Podemos fait de l'humanitaire un peu à la Brahim Ghali.