Le procès de l'ancien officier de police Derek Chauvin accusé d'avoir tué George Floyd s'est pour ainsi dire achevé hier jeudi. Les plaidoiries de clôture devraient commencer lundi, et ensuite la délibération restera à l'appréciation d'un jury racialement diversifié. Cela se passe dans le palais de justice à Minneapolis entouré de barbelés dans une ville pratiquement en état d'alerte non seulement à cause de l'affaire Chauvin, mais également à cause de la mort par balle lors d'un contrôle routier d'un jeune afro-américain de 20 ans Daunte Wright, tué lui aussi par une policière. Le juge Peter Cahill a rappelé aux jurés qu'ils seront séquestrés à partir de lundi. Derek Chauvin n'a donc pas saisi sa chance de se présenter à la barre et dire à l'opinion publique, ce à quoi il pensait, quand il pressait son genou contre le cou de George Floyd à lui en extraire la vie. Chauvin, de tout son procès, n'a eu que cette réaction, ôter son masque Covid-19 pour informer le juge qu'il invoquait son droit de cinquième amendement de ne pas témoigner. La seule fois où Chauvin a été entendu, c'est lorsque le jury a écouté des images de la caméra corporelle de la scène. En effet, après qu'une ambulance ait emmené Floyd, Chauvin a dit à un spectateur : « Nous devions contrôler ce gars parce que c'est un gars de taille … et il semble qu'il est probablement sur quelque chose ». La décision de Chauvin de ne pas témoigner comporte des risques à son encontre. En effet, se présenter à la barre aurait pu l'exposer à un contre-interrogatoire dévastateur. Les procureurs auraient pu en profiter et utiliser, alors la vidéo de l'arrestation de Floyd et forcer Chauvin à expliquer, image par image à la fois, pourquoi il continuait à faire pression sur Floyd. D'aucuns, par contre, pensent que témoigner aurait pu jouer en sa faveur le jury aurait eu à l'occasion y voir quelques remords. Chauvin, 45 ans, est accusé de meurtre et d'homicide involontaire dans la mort de Floyd après que l'homme noir de 46 ans eut été arrêté, soupçonné en cela, d'avoir passé une contrefaçon de 20 $ dans un marché de quartier en mai dernier. Mais ce dont redouterait le plus Chauvin, c'est la grave accusation de meurtre au deuxième degré, qui peut entraîner une condamnation jusqu'à 40 ans de prison. Avec ce procès en session, Minneapolis se prépare à une possible répétition des manifestations et de la violence qui avaient éclaté au printemps dernier à la suite de la mort de George Floyd, de par l'affaire Wright. En effet, dans cette ambiance électrique, en banlieue à Brooklyn Center, se déroulent au quotidien des manifestations après que l'agente Kim Potter ait tué par arme à feu le jeune afro-américain Daunte Wright. Elle a démissionné et devrait comparaître en liberté pour définir ou non sa culpabilité une première fois au mois de mai prochain. Elle a payé 100 000 $ de caution pour sa libération. L'ex policière a déclaré avoir confondu son arme avec un taser et ne s'en était rendue compte qu'après coup.