Ce lundi 19 avril, l'avocat de Derek Chauvin, le policier accusé du meurtre de George Floyd, sera le dernier à s'exprimer, après trois semaines de procès. Avant que le jury ne se retire pour délibérer dans l'affaire de la mort de George Floyd, l'accusation et la défense auront droit, ce lundi 19 avril, à une dernière intervention, qui pourrait faire basculer le jury. Au cours de ces trois dernières semaines de procès, deux théories ont été exposées sur les causes de la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 40 ans qui, durant neuf minutes, est immobilisé au sol, les mains menottées dans le dos, avec le genou de Derek Chauvin sur le cou. Cette terrible scène, filmée par des passants, a fait le tour du monde, provoquant la colère des Américains et suscitant des manifestations antiracistes et contre les violences policières. Le banc de l'accusation a appelé à la barre plus de quarante témoins, qui un par un affirment à nouveau que c'est M. Chauvin qui a tué George Floyd. Plusieurs médecins assureront qu'il est mort d'un « manque d'oxygène » entraîné par la pression exercée par le policier sur son cou et son dos. Celui-ci est jugé pour meurtre, homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort. M. Floyd avait certes des problèmes cardiaques, toutefois le pneumologue Martin Tobin assure que même une personne en bonne santé « serait morte de ce que M. Floyd a subi ». Le scénario de la défense Medaria Arradondo, chef de la police de Minneapolis, a déclaré que Derek Chauvin avait bel et bien « violé les règles » et « les valeurs » de l'institution. Plusieurs experts et témoins de la scène ont pointé du doigt le comportement inactif du policier lorsque M. Floyd était inconscient. L'accusation a tenté de montrer que M. Chauvin n'avait pas agi de façon raisonnable. À savoir que les condamnations de policiers pour meurtres sont très rares, les jurés faisant confiance aux forces de police, ils ont tendance à leur accorder le bénéfice du doute. D'après Eric Nelon, l'avocat qui sera le dernier à s'exprimer ce lundi, le décès de M. Floyd serait dû à une crise cardiaque liée à des problèmes de cœur, aggravés par la consommation de fentanyl, un opiacé, et de méthamphétamine, un stimulant, et par l'inhalation de gaz d'échappement pendant qu'il était maintenu au sol. La défense avance que le policier a usé de techniques tout à fait légales afin de maîtriser un individu qui refusait d'obtempérer.
Le silence de Derek Chauvin
Des témoins ont affirmé que la foule aurait été « hostile » et c'est ce qui aurait déconcentré le policier sur la situation que subissait George Floyd. L'ancien policier a usé de son droit de refuser de se rendre à la barre, comme stipulé par la loi aux Etats-Unis. En plus de ces témoignages, les jurés, dont neuf femmes et cinq hommes, ont visionné plusieurs fois la vidéo de l'agonie de George Floyd criant de nombreuses fois « je ne peux pas respirer ». Ils ont entendu les déclarations des passants, en colère contre les policiers présents et inactifs face aux cris de George Floyd. Les quatre agents présents ont tous été destitués. Ils intervenaient dans le cadre d'un appel d'un magasin qui soupçonnait M. Floyd d'avoir fait usage d'un faux billet de 20 dollars afin d'acheter un paquet de cigarettes, une infraction mineure. Ben Crump, l'avocat de la famille, a déclaré que ces policiers n'ont pas laissé à George Floyd le bénéfice « de la considération, du professionnalisme (...), de la désescalade qui profite si souvent aux citoyens américains blancs (...). Il n'a même pas eu le bénéfice de l'humanité ». Puis les jurés s'isoleront pour délibérer. Ils devront faire état d'un verdict unanime pour les trois chefs d'inculpation. S'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, alors le procès sera « nul ».
Minneapolis sous tension Tout autre verdict qu'une condamnation fait trembler les autorités locales. En effet, la tension est à son comble à Minneapolis, qui s'était déjà enflammée après la mort de George Floyd. Les commerces ont été barricadés et des soldats de la Garde nationale circulent dans les rues. En plus, la mort de Daunte Wright, ce jeune Afro-Américain, tué par une policière lors d'un contrôle routier dans la banlieue de Minneapolis la semaine dernière, accentue cette tension. Les autorités ont déclaré que, dimanche 18 avril, deux soldats de la Garde nationale auraient été la cible de tirs depuis une voiture qui a ensuite quitté les lieux. Les deux militaires n'ont pas été touchés par les balles et n'ont que des blessures superficielles. Le verdict du procès de Derek Chauvin aura une répercussion sur celui des trois policiers, qui doivent également être jugés en août pour « complicité de meurtre ».