Le directeur du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ), Cherkaoui Habboub, a déclaré que l'Algérie était le seul pays de la région qui ne coopérait pas avec le Maroc dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, au moment où la région du Sahel, aux frontières des deux pays, commence à devenir la nouvelle base arrière de l'Etat islamique. Dans un entretien accordé à la chaine de télévision Al Shark News, Cherkaoui Habboub, a dressé un tableau inquiétant de la situation sécuritaire en Afrique, spécialement dans l'espace sahélo-saharien, surtout qu'après que l'Etat islamique a été vaincu en Syrie et en Irak, aujourd'hui, il a jeté son dévolu sur les vastes étendues sahariennes. « Après que l'étau se soit resserré autour l'Etat islamique (ou DAECH) au niveau de la zone syro-irakienne, et que les pays de la coalition ont dirigé de nombreuses frappes et opérations (contre cette organisation terroriste), il (l'EI, ndlr) a été obligé de trouver d'autres endroits pour s'établir, et c'est comme ça que la région du Sahel est devenue le nouvel Eldorado des organisations terroristes », a dit le chef de BCIJ. Et d'alerter sur la menace terroriste qui s'est installée aux frontières du Maghreb aujourd'hui, « l'Etat islamique cherche à étendre sa propagation dans la région du Maghreb, la région du Sahel et en Afrique » plus généralement, affirmant qu'il s'agit d'une réelle menace pour les pays de la région dans son ensemble. Concernant le cas du Maroc, « en raison de sa position géostratégique proche de la région du Sahel », le pays est confronté à une réelle menace de la part de l'Etat islamique, d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et d'autres organisations terroristes, assure le responsable sécuritaire. Il a ainsi regretté l'absence de coopération sécuritaire avec l'Algérie au moment où tous les autres pays sont en phase avec la stratégie de lutte anti-terroriste menée par le Maroc. « Il doit y avoir une coopération étroite entre les pays, car il n'est pas possible de lutter contre le terrorisme sans intensifier la coopération entre tous les pays », a déclaré Cherkaoui Habboub « Tous les pays coopèrent avec nous à l'exception de l'Algérie voisine », a-t-il affirmé, notant que le manque de coordination est un danger, à la fois au niveau régional, régional et même international, qui affaiblit les efforts consentis par le reste des pays. Et ce manque de coopération de l'Algérie avec le Maroc, a indiqué le patron du BCIJ, constitue une menace pour la sécurité des deux pays car le dirigeant actuel de l'Etat islamique dans le Grand Sahara, Adnane Abou Al Walid Al Sahraoui est « originaire de la ville de Laâyoune et est membre du Front polisario » (qui dirige les camps de réfugiés à Tindouf en Algérie avec le soutien de ce pays, ndlr). Adnane Abou Al Walid Al Sahraoui « avant son organisation de l'Etat islamique dans le Grand Sahara, était le porte-parole de l'Organisation de l'Unification et du Mouvement du Jihad en Afrique de l'Ouest, qui était à l'origine de l'enlèvement de trois personnes travaillant pour l'organisation humanitaire des Nations Unies en coordination avec le Front Polisario en 2011 », a relevé Cherkaoui Habboub. Et de rappeler également que Sahraoui, a mené plusieurs opérations terroristes visant la République du Mali, le Niger et le Burkina Faso entre 2015 et 2020. Le fait que cet homme fasse partie du Polisario démontre qu'il y a des liens entre cette organisation séparatiste et des organisations terroristes, a indiqué le responsable. « Le Polisario a des liens avec des organisations terroristes, tant qu'il y a Adnane Abou Al Walid qui y est affilié et tant qu'il y a une centaine de ses membres qui ont précédemment rejoint et sont devenus impliqué avec Al-Qaida au Maghreb », a-t-il soutenu. Et si le responsable marocain a indiqué que l'Algérie refusait de coopérer avec le Maroc au niveau sécuritaire pour protéger la région des menaces terroristes, de son côté, Said Chengriha, le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) algérienne a tenu un tout autre discours devant le chef d'état-major des armées françaises, le général d'armée François Lecointre, qui a effectué une visite en Algérie jeudi. « L'Algérie considère que la sécurité et la stabilité de ses voisins sont directement liées à sa propre sécurité », a déclaré le général algérien, affirmant que son pays a consenti « d'énormes efforts » à travers l'adaptation des dispositifs militaires « tout au long des frontières », affirmant que ces opérations ont eu pour objectif de « concrétiser la stabilité dans les pays de l'espace méditerranéen ». « Consciente de l'ampleur du danger que constitue le terrorisme sur la sécurité et la stabilité territoriales, l'Algérie n'a pas hésité à présenter des initiatives et à offrir son aide à ses voisins pour coordonner les efforts sur la base d'une vision commune à travers l'initiative du comité d'état-major opérationnel (Cemoc) » a-t-il ajouté.