De peur d'être extradé de France vers l'Algérie, Amar Saâdani, l'ancien secrétaire général du Front de libération National (FLN) d'Algérie et président de l'Assemblée populaire nationale, aurait semble-t-il jeté son dévolu sur le Maroc pour y demander l'asile politique. Faut croire, qu'un véritable vent de panique souffle en Algérie parmi les anciennes personnalités ciblées par le régime dictatorial algérien à tel point que dans ces règlements de compte c'est du sauve-qui-peut tous azimuts et des plus caractérisés au regard de ces éminences qui fuient le pays, auxquels l'on assiste. Des noms bien connus comme d'exemple celui de Mohamed Bédjaoui, mais aussi des membres des familles d'oligarques incarcérés et cités dans des enquêtes judiciaires s'activent à échapper à une éventuelle arrestation suivie d'une extradition du moins pour ceux qui vivoteraient dans l'hexagone et alentours. Pour ce qui est de notre homme Amar Saâdani, se sachant dans le collimateur de la justice algérienne depuis 2018, son inquiétude est allée crescendo après l'arrestation de l'ancien garde des Sceaux, Tayeb Louh en 2019. L'homme sur qui il pouvait compter n'étant plus en place, ce dernier refuse désormais de rentrer au pays et s'est établit un long moment à Neuilly-sur-Seine, en France, où il possède un appartement. Des convocations successives pour l'écouter de la part du parquet, ont beau le suivre en terre d'exil, Saâdani n'y répond pas, à tel point, qu'il est alors officiellement considéré par la dictature militaire algérienne comme étant en fuite. Sa présence sur le sol français devient tributaire d'une éventuelle extradition, il trouve un premier refuge au Portugal avant d'atterrir au Maroc de peur de subir le sort de Abdelmoumen Ould Kaddour arrêté lui aux Emirats arabes. Bien plus que tout, on reprocherait du côté du régime algérien à l'ancien président de l'Assemblée Amar Saâdani, son franc-parler lorsqu'il avait déclaré en octobre 2019 aux Emirats arabes « Je considère, d'un point de vue historique, que le Sahara est marocain et rien d'autre. Il a été enlevé au Maroc au congrès de Berlin, je pense que l'Algérie a versé pendant cinquante ans des sommes faramineuses à ce qui est appelé le polisario, et cette organisation n'a rien fait et n'est pas parvenue à sortir de l'impasse ». Il avait en outre avancé « La relation entre l'Algérie et le Maroc est plus grande que cette question », avant de plaider « Je pense que la question du Sahara doit prendre fin et que l'Algérie et le Maroc doivent ouvrir leurs frontières et normaliser leurs relations ». Considéré à l'époque comme un principe cardinal de l'Etat algérien pour avoir été un ancien troisième homme de l'Etat, ces déclarations avaient suscité la remise en cause au soutien à la cause du polisario et des réticences au sein de la nomenklatura algérienne. Indépendamment des positions parfois dubitatives de certains responsables politiques et même militaires en dehors des cercles officiels, c'est un ancien secrétaire général du FLN et non moins ex-président de l'APN qui avait osé jeter un pavé dans la mare quant à la question du Sahara marocain. Cela avait eu de l'effet. L'outrage ! auquel la dictature algérienne n'a semble-t-il pas pardonné. Aussi cet échange de bons procédés entre Rabat et l'ancien président de l'APN Amar Saâdani, si l'on peut dire ainsi, s'apparente pour le régime militaire d'Alger, à de la haute trahison, d'autant plus qu'il intervient à l'heure où l'Algérie se dit ciblée par une "opération de déstabilisation de grande envergure en provenance du Maroc".