L'association Jood qui travaille auprès des sans-abris va lancer une pétition nationale pour appeler à maximiser les peines face à l'exploitation commerciale des enfants. Donner une pièce à un enfant, « c'est un crime » qui détruit définitivement son avenir, affirme Hind Laidi, présidente de JOOD, dans une déclaration à Hespress FR. Lancée le 10 mars, la campagne de sensibilisation à la mendicité des enfants de l'association JOOD a été placée sous le slogan « Pour son bien, ne lui donnes rien » et a été accompagnée du hashtag #Sa_place_est_en_classe. Alors que la campagne a choqué certains citoyens, l'association assume car il s'agit d'un sujet d'une grande importance, un fléau qui sévit dans les rues marocaines. L'exploitation des enfants à des fins de mendicité professionnelle aujourd'hui n'est pas une cause de la pauvreté, elle s'est transformée en commerce lucratif pour des bandes organisées qui utilisent des enfants. Ces enfants sont souvent handicapés, volontairement malmenés pour attiser la pitié, sont drogués à l'aide de médicaments favorisant l'endormissement, ou encore entrainés à coller les piétons afin de leur soutirer de l'argent. Pour expliquer son initiative et pourquoi il ne faut plus donner d'argent aux enfants dans la rue, JOOD a publié un court-métrage de 12 minutes intitulé «Chouk Lem7anna» pour dévoiler l'envers du décors des réseaux de traite humaine où ces enfants sont piégés. Donner une pièce à un enfant, cela ne lui rend pas service, « c'est un crime envers cet enfant et nous y contribuons », a affirmé Hind Laidi, présidente de l'association Jood, jointe par Hespress FR. « Nous n'avons pas le droit de contribuer à un crime qui détruit défectivement l'avenir de ces enfants », a-t-elle soutenu. Une pétition nationale pour faire changer les choses La campagne « Pour son bien, ne lui donnes rien » dure jusqu'au 30 avril et doit connaitre le lancement sous peu d'une nouvelle étape pour matérialiser l'engagement de l'association en faveur de la défense des droits des enfants, avec la mise en ligne d'une pétition nationale. « On lance bientôt une pétition auprès de la population pour que les peines dans les textes de loi soient plus lourdes et contraignantes envers les adultes qui exploitent des enfants dans le cadre de la mendicité professionnelle », nous explique Hind Laidi. » La loir stipule que lorsque quelqu'un qui exploite un enfant qui n'est pas le sien pour de la mendicité, il doit purger une peine allant de 3 moi à 1 an. Nous considérons que c'est extrêmement léger par rapport (à l'ampleur) des faits », a-t-elle affirmé. » C'est quand-même du commerce d'être humains! », a-t-elle ajouté. La pétition qui fait partie de l'ambitieuse campagne de l'association JOOD, va être mise en ligne sur internet sur « campagne.jood.ma » et à travers les réseaux sociaux de l'association. La pétition circulera aussi sur Whats'App nous indique la présidente de JOOD. Les Marocains sont appelés à signer ce document pour aider à combattre le fléau de la mendicité chez les enfants souvent enfermés dans des réseaux criminels. « Nous terminons la campagne le 10 avril, donc d'ici cette date nous sommes censés collecter le maximum de signatures (…) pour qu'il y ait des peines beaucoup plus contraignantes ». Jood répond aux critiques Répondant aux critiques de certains internautes qui ont dénoncé le manque de solutions proposées dans la démarche de l'association en soulevant le fait que ces enfants sont victimes de violences lorsqu'ils ne ramènent pas d'argent à la fin de la journée, Hind Laidi reste intransigeante. « Il n'y a rien à faire », a-t-elle déclaré en faisant référence à la nécessité de ne pas contribuer et nourrir ces réseaux de trafic d'enfants. « Les enfants n'ont pas à assumer les charges incombant aux parents », a-t-elle asséné. Et d'ajouter: « Il y a une loi qui va sortir bientôt qui va condamner les parents ne scolarisant pas leur enfants, à des peines de prison », reprenant le hashtag de la campagne qui appelle à scolariser les enfants pour leur offrir une possibilité de mieux s'intégrer dans la société. Confiante, Hind Laidi a salué le travail des autorités et a déclaré que « le ministère de la Justice fera ce qu'il faut, le ministère de l'Intérieur s'applique à trouver ces personnes et à les pénaliser, le ministère de la solidarité a mené une grande campagne en 2020, et malgré la crise sanitaire il a pu sauver 142 gamins de ces réseaux là ». Elle a cependant souligné que le plus gros du travail doit commencer par le citoyen en premier lieu étant donné que c'est lui qui alimente ces réseaux de trafic d'enfants. « Notre part de responsabilité est encore plus importante en tant que citoyens (par rapport aux ministères, ndlr). Tant que nous donnerons de l'argent à ces enfants, il y aura un marché, et tant qu'il y aura un marché, ces gens là trouveront toujours des moyens » de recruter encore plus d'enfants.