Les autorités au Maroc qui avaient annoncé l'arrivée en décembre de 65 millions de doses du vaccin du géant pharmaceutique chinois Sinopharm et du britannique AstraZeneca/Oxford pour inoculer « 25 millions » de Marocains selon le ministre de la Sante Khalid Ait Taleb, ont dû ravaler leurs ardeurs vu que le Royaume reste toujours dans l'expectative d'éventuelles livraisons qui étaient normalement prévues, selon leurs bons dires, pour décembre. Aussi et à défaut de ne pouvoir en bénéficier dans l'immédiat, un certain nombre de médecins marocains préconisent de diversifier les sources d'acquisition de vaccins et de contourner la logique du » traiter unilatéralement » avec une entreprise spécifique. Tout cela s'inscrit dans la logique que le Royaume puisse obtenir l'immunité collective des Marocains à l'horizon de mai prochain. Les autorités marocaines, ont dû se rendre à l'évidence et ont confirmé n'avoir encore rien reçu au jour d'aujourd'hui et n'ont donc d'autres recours que de s'en remettre aux calendes chinoises voire britanniques pour entamer une campagne de vaccination dont nous nous targuions pourtant d'être les premiers au monde à lancer. A cet effet, Azzedine Ibrahimi, professeur et directeur du laboratoire de biotechnologie à la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus, affirme que « l'approche vaccinale restait la solution définitive et efficace pour perturber la chaîne de propagation du virus et empêcher l'infection », notant que « le Maroc a été et restera fidèle à ces principes qui déterminent l'acquisition du produit et la vaccination de ses citoyens d'une façon collective ou massive ». Le directeur du laboratoire de biotechnologie de la faculté de médecine de l'université Mohammed V de Rabat a appelé à « la nécessité d'activer la communication sur le retard du vaccin, et d'adopter plus de transparence pour ne pas vivre dans l'ambiguïté et la haine, se remettre en question et vivre dans la peur de l'inconnu ». Le Professeur Ibrahimi a souligné en outre que « tous les vaccins que le Maroc pourrait acquérir à l'avenir répondront aux normes et contrôles scientifiques, médicaux, pharmaceutiques et juridiques en vigueur dans le monde, documentés dans les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ». Avant d'ajouter, « la Direction des médicaments et de la pharmacie et le Comité consultatif pour les licences en cas d'urgence adhèrent et adhéreront aux principes sacrés qui encadrent le processus d'homologation des médicaments et des vaccins dans notre pays, qui sont basés sur la sécurité, l'efficacité, la qualité de la fabrication et la pharmacovigilance parallèle ». Ibrahimi a estimé que « la question est liée à la santé et à la sécurité des Marocains », et a poursuivi en expliquant:« En ce qui concerne Sinopharm, cette société a soumis son dossier de licence et il est en discussion entre la Direction du Médicament et de la Pharmacie et le Comité Consultatif des Licences. Je confirme ici que ce vaccin ne sera homologué que si toutes les données de ses essais cliniques sont jointes au dossier, tout en remplissant tous les critères susmentionnés ». Concernant Astra Zeneca/Oxford, Ibrahimi précise « Pour la première fois dans l'histoire du Maroc, un vaccin est homologué dans le cadre de la procédure d'urgence mondiale », ajoutant « Après une étude complète du dossier présenté par AstraZeneca/Oxford, et après examen de la recherche publiée et du dossier de licence de vaccin en Grande-Bretagne et en Inde, il a été autorisé par le ministère de tutelle ». Concernant le retard pris, Ibrahimi a déclaré qu'il était « dû à la demande croissante de vaccins », soulignant que « le comité avait proposé plusieurs canaux pour acheter le vaccin Johnson & Johnson, qui mettrait fin à ses essais cliniques en février, d'autant plus qu'une utilisation logistique parallèle est disponible, et qu'une dose est suffisante, pour développer l'immunité ».