Plus de 600 personnes pour la plupart des jeunes ont été arrêtées après une troisième nuit d'émeutes pour troubles nocturnes à Tunis et dans de nombreuses villes de Tunisie, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur lundi qui fait état de 632 arrestations, évoquant des groupes de personnes entre 15 et 25 ans qui ont « brûlé des pneus et des poubelles afin d'entraver les mouvements des forces de sécurité », en dépit du couvre-feu en vigueur. Dix ans après le printemps arabe et la chute de Ben Ali, l'instabilité politique et la crise socio-économique demeurent en Tunisie. Le porte-parole du ministère tunisien de la Défense Mohamed Zekri a annoncé dimanche soir que des unités militaires ont été dépêchées dans plusieurs provinces du pays, pour assister les forces de sécurité à contenir les manifestations nocturnes qui se sont considérablement développées depuis deux jours dans plusieurs régions du pays. Les unités militaires ont renforcé leur présence dans quatre provinces à savoir Sousse (côte-est), Kasserine (centre-ouest), Bizerte (extrême-nord) et Siliana (nord-ouest) afin de protéger le institutions de souveraineté. Le renforcement sécuritaire dans ces quatre provinces, intervient à la lumière de l'évolution de la situation due aux émeutes et aux actes de saccage dans un certain nombre de régions dont Tunis, Ariana, Siliana, Bizerte, Monastir, Manouba, Nabeul, Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa et Sousse, sont en proie à de violentes manifestations populaires nocturnes (affrontements entre les forces de sécurité et des jeunes) pour le troisième jour consécutif. C'est semble-t-il le couvre-feu entré en vigueur jeudi dernier (16h-06h) qui a mis le feu aux poudres après que le confinement ait été levé hier. La concomitance de ces émeutes, incidents et leur extension sur différentes régions de la Tunisie ne manquent pas de susciter des questionnements, à savoir s'ils ne seraient pas orchestrés et commandités ? D'aucuns y voient la patte d'Ennahda. En effet, seul le Mouvemment Ennahdha dans le contexte actuel a intérêt à s'attaquer au Chef de l'Etat, d'après nombre de politiciens, car au cas où Kais Saied serait écarté ou déposé, c'est Rached Ghannouchi qui assurera l'intérim conformément à la constitution. Le parti Ennahdha pourra du coup se débarrasser de son chef spirituel devenu gênant politiquement en lui offrant le poste de président de la République et par là même une sortie digne. La classe politique tunisienne est plus fragmentée que jamais depuis les élections législatives de 2019 et se déchire alors que l'urgence sociale s'accentue avec la pandémie de coronavirus (177 231 cas dont 5 616 décès), qui s'ajoute à la hausse des prix, la persistance du chômage et la défaillance croissante des services publics. Samedi, le Premier ministre Hichem Mechichi parant au plus pressé a procédé à un remaniement ministériel touchant onze portefeuilles, avec l'objectif de faire un travail « plus efficace ». Encore faut-il que ce gouvernement soit approuvé par le Parlement. On en est loin pour l'heure et l'urgence pour l'exécutif s'apparente au rôle du pompier de service face aux feux des émeutes.