La grogne sociale monte au sein de Delattre Levivier Maroc, placée sous sauvegarde judiciaire. Les employés ont en effet observé une grève et sit-in de deux jours, les lundi 23 et mardi 24 novembre, devant le siège de l'entreprise à Casablanca. Les causes de ce débrayage sont le retard de paiement des salaires mais aussi les prélèvements de cotisations sociales dont ils affirment ne pas bénéficier. L'un des employés de l'entreprise, qui s'est confié à Hespress Fr sous couvert de l'anonymat, explique que cette situation dure depuis 2017. Dans les détails, les employés aux chantiers et ateliers de Delattre Levivier souffrent du non-versement des salaires à temps. « Les salaires sont versés 4 mois après. Ceux qui ont des traites, voient leur salaire sauter, puisqu'ils ont eu un cumul de 4 mois de traites non payées auprès des banques », explique-t-il. S'agissant du bureau syndical, qui normalement doit défendre les intérêts des salariés qu'il représente, « a vendu l'affaire» au top management de l'entreprise, se désole notre interlocuteur qui travaille au sein de Delattre Levivier depuis déjà 17 ans déjà. Interrogé sur la réaction de l'entreprise française quant à la demande des salariés, cet employé de Delattre Levivier Maroc nous confie que l'entreprise avance comme prétexte « le manque de liquidités », ce que les salariés qualifient de «grand mensonge ». « Chaque semaine on nous sort une excuse différente. Le dernier incident remonte à Aid Al Adha, lorsque nous n'avons pas été payés depuis déjà 4 mois. Nous avons donc manifesté devant le siège de l'entreprise où nous avons fait un scandale. C'est là où ils nous ont sorti des enveloppes avec nos salaires. Cela veut dire, qu'il y a assez de liquidités au sein de l'entreprise, mais ils refusent de nous payer« , dit-il. L'ironie de la situation, poursuit notre interlocuteur, c'est que tous les responsables au sein de l'entreprise, dont le salaire dépasse les 10.000 DHS, reçoivent mensuellement leur salaire, contrairement aux employés qui travaillent dans les ateliers et chantiers. En ce qui concerne les prélèvements sur salaire, cet employé nous explique que chaque mois l'entreprise prélève les cotisations pour la mutuelle et la CIMR. Toutefois, l'entreprise ne paye pas ces cotisations. « Nous l'avons constaté lorsque plusieurs employés ont déposé leurs dossiers médicaux et n'ont jamais reçu de remboursement. Nous sommes donc allés demander auprès de notre mutuelle et de la CIMR, qui nous ont assuré que l'entreprise ne verse pas de cotisations depuis plusieurs mois« , explique-t-il. D'autre part, il convient de rappeler que l'entreprise française traverse une crise financière depuis plus de deux ans. Le tribunal de commerce de Casablanca a d'ailleurs accordé un plan de sauvetage de 5 ans à l'entreprise, ce qui est une nouveauté du code de commerce, en vigueur depuis avril 2018, qui consiste à venir en aide aux entreprises en difficulté. Notre source au sein de l'entreprise dit être au courant de cette difficulté, mais souligne que le top management de Delattre Levivier Maroc a promis aux salariés de leur trouver une solution quant au paiement de leur salaire à temps. Mais il souligne toutefois que l'entreprise est en activité et travaille sur de grands chantiers, notant que les employés ont des familles à charge et des traites et loyers à payer. Ce mardi, les 800 salariés de l'entreprise, répartis entre les chantiers et ateliers, demandent à être payés pour les 4 derniers mois (pas de salaire depuis le mois d'août 2020), et à percevoir leur salaire à temps, chaque début du mois comme le stipule la loi et comme tout salarié qui travaille du matin au soir. Après ce débrayage de deux jours, un responsable de Delattre a pris contact avec les manifestants, en leur proposant de leur verser un mois de salaire (en espèce vu leurs redevances aux banques qui se précipiteront pour prendre l'argent dès qu'il est viré) en leur donnant rendez-vous cette semaine pour régler leur conflit, nous fait savoir notre source. Une réunion est donc prévue jeudi 26 novembre entre les responsables de l'entreprise et le délégué des employés. Cela dit, notre source souligne que les employés « ont perdu toute confiance vis-à-vis du top management de l'entreprise« . « C'est une manoeuvre que nous connaissons d'avance. Ils nous appellent souvent pour des réunions après une grogne. Mais cette fois-ci, nous exigeons *que l'entreprise signe un engagement écrit où elle mentionne tous les points conclus avec les délégués et syndicats des employés. À leur tête, le versement de nos salaires à temps ainsi que le paiement des cotisations sociales, à savoir la mutuelle et la retraite« , conclut-elle.