L'annonce du pays hôte de l'Euro 2024 s'approche à grands pas. La Turquie, dans la peau de David contre le Goliath allemand, poursuit la promotion de son dossier de candidature, à trois jours du vote prévu le 27 septembre. Auprès des autres associations du continent, la Turquie joue la carte de la nouveauté, de quoi attirer les pays qui n'ont jamais organisé ce tournoi continental majeur qu'est l'Euro. En misant sur le pays d'Atatürk, « l'UEFA attirera plus de supporters, plus de sponsoring, et plus d'enthousiasme », argumente Servet Yardimci, membre du comité exécutif de l'Union, dans des propos tenus le 24 septembre. En face, l'Allemagne est rodée aux grandes manifestations : elle a organisé deux coupes du monde (1974 et 2006), deux éditions des Jeux olympiques d'été (Berlin 1936 et Munich 1972) et surtout, une Coupe d'Europe en 1988. L'expérience et l'attrait financier sont là pour l'UEFA, mais la Turquie refuse de s'avouer vaincue pour autant. Le pays joue la carte du positionnement stratégique entre deux continents, l'Europe et l'Asie, promettant ainsi une présence massive et surtout diversifiée, surtout que les instances européennes souhaitent s'étendre vers de nouveaux marchés. Mais l'image négative entretenue par ces pairs européens autour du respect des droits de l'Homme en Turquie affecte grandement ses chances. Il n'empêche que, de l'avis de l'UEFA, le pays possède les infrastructures nécessaires pour réussir une coupe d'Europe à 24 équipes. De même, la probabilité d'un conflit commercial potentiel avec l'Union en fait un choix moins alléchant que son rival allemand. Le pays impose des restrictions juridiques concernant la publicité pour les boissons alcooliques. « La restriction sur les produits alcoolisés pourrait occasionner un conflit potentiel si un accord de sponsoring était signé avec une marque de bière », citait le rapport d'évaluation de l'UEFA. L'UEFA avait publié le 21 septembre un rapport d'évaluation de 42 pages des candidatures turques et allemandes. Si l'Union avait salué le dossier allemand de « très haute qualité », elle a montré moins de ferveur envers celui de son rival, l'estimant être « en adéquation avec les objectifs à long terme » de l'UEFA. Cela ne veut pas dire que la Turquie est marginalisée par l'Union : la finale de la Ligue Europa 2019 et celle de la Ligue des champions 2020 auront lieu dans le pays.