ENTRETIEN EXCLUSIF HESPRESS FR Les Yakines sont arrivés à la dernière étape de leur périple entamé le 27 avril dernier. Le couple de nomades s'était lancé le défi d'embarquer à bord du plus long voyage de train au monde. Départ du Portugal, escale en Russie pour encourager les Lions de l'Atlas lors de la Coupe du Monde en juin, traversée de la Chine pour enfin arriver au Vietnam. Cinq mois ont été nécessaires au couple de voyageurs marocains pour relier le Portugal au Vietnam, c'est-à-dire plus de 17.000 kilomètres de voies ferrées, deux continents, douze pays et 40 escales / gares. Au total, le voyage en train aura duré 300 heures. Amal et Anass Yakine reviennent sur leur aventure pleine de rebondissements. Le couple, qui a près de 235 000 fans sur Facebook, est actuellement à Ho Chi Minh Ville (Sud du Vietnam), où il va passer quelques jours avant de rentrer au Maroc. A ce stade l'aventure, Anass et Amal Yakine, contactés par Hespress FR, se disent «heureux et fiers d'avoir atteint [leur] destination finale et d'avoir vécu pleinement ces cinq derniers mois». Pour les deux nomades, le voyage n'était pas de tout repos, puisqu'ils ont dû filmer pour réaliser leur web-série «Altrainatives» où ils partagent les endroits qu'ils ont visités, les rencontres, les projets originaux auxquels ils ont eu accès. Ces derniers sont essentiellement des «alternatives de vie, qui s'intéressent à l'écologie ou des systèmes éducatifs alternatifs», précisent nos interlocuteurs. En amont, la préparation du voyage a été un «réel challenge» pour trouver le financement. Seulement, les deux amoureux ont pu compter sur des amis qui ont cru en eux et quelques entités qui leur ont donné de «quoi gérer ces cinq mois», explique Amal Yakine. Ph. Yakines A la recherche de l'équilibre Lors du périple, la réalisation de la web-série a été éreintante. «Il nous a fallu du temps pour trouver un juste équilibre entre filmer et vivre le voyage. Un équilibre qui n'est pas facile surtout lorsqu'on cherche à laisser une grande place à la spontanéité», confie Anass Yakine. De plus, un incident a failli tout faire vaciller, puisque leur caméra principale a eu une panne irréparable. «C'était un grand moment de panique», assurent les Yakines. Grâce à un ami, ils ont pu avoir une caméra pour le reste du voyage. Russie 2018, « le voyage dans le voyage » En cinq mois, les voyageurs marocains ont vu défiler des paysages, entendu plusieurs langues. Ils ont assisté à la Coupe du Monde en Russie, «l'un des moments forts de ce voyage». Ils le qualifient même de «voyage dans le voyage» au vu de toutes les rencontres et «toutes ces nationalités que nous avons pu fréquenter le temps de la compétition. Elle a été d'autant plus mémorable par le nombre incroyable de Marocains qui ont fait le déplacement pour encourager l'équipe nationale», se remémore Anass Yakine. Ph. Yakines «L'ambiance de la coupe du monde c'est finalement ça, ce sentiment d'appartenance... des sentiments d'appartenance qui se côtoient et se respectent mutuellement, dans la joie et la bonne humeur», ajoute-t-il. Ensuite, l'escale en Mongolie a marqué nos interlocuteurs puisque c'était «la porte d'entrée vers la culture asiatique que nous découvrions pour la première fois», précise Amal Yakine. Et son mari de renchérir : «La Mongolie c'est une nature d'une beauté saisissante et un peuple souriant, accueillant et gardien vigilant de ses traditions nomades millénaires.» Anass Yakine sur la grande muraille de Chine. /Ph. Yakines Un couple plus fort et plus complice Toutes ces aventures ont renforcé les Yakine qui «malgré un premier mois assez tendu» ont pu trouver «le moyen de relativiser» et de se focaliser sur le moment présent. «Nous avons trouvé notre force dans notre complémentarité, et dans le développement d'un sens de l'humour qui nous a valu des fou rires mémorables», confie Amal Yakine. «Nous n'avons pas encore assez de recul, mais un premier apprentissage que nous pouvons tirer de ce voyage est que n'importe quel choix de vie comprend sa part de difficultés. Cependant, ce voyage a été parfait malgré toutes ses imperfections, parce qu'il a été vécu. Et une expérience entreprise et vécue vaut toujours mieux que pas d'expériences du tout», souligne Anass Yakine, un brin nostalgique. «Depuis le tout début de ce projet, y compris toute la phase de préparation, il n'a jamais été question de ne pas y arriver. Dans nos têtes c'était évident, nous allions le faire et à tout prix. Nous y avons cru jusqu'au bout. Nous pensons que c'est ici que réside le secret, pour n'importe quel projet, n'importe quel rêve. Il faut y croire et passer à l'action», conclut Amal Yakine avec beaucoup de conviction dans la voix.