Le procès bien particulier du FIFAgate, un vaste scandale de corruption autour de la Fédération internationale de football (FIFA), s'est ouvert ce lundi 14 septembre 2020 matin au Tribunal pénal fédéral (TPF) dans la ville fortifiée du sud de la Suisse, Bellinzone. Le patron de BeIN Sports Nasser Al-Khelaifi est soupçonné d'incitation à la gestion déloyale aggravée, dans le cadre de l'attribution de droits télés. Il encourt entre un et cinq ans de prison. Le prévenu principal de cette affaire est Jérôme Valcke, l'ancien secrétaire général de la Fifa. Ce procès (11 jours d'audience), arrive, plus de cinq ans après la descente de police à l'hôtel Baur au Lac le 27 mai 2015 à Zurich. L'entame n'aura duré qu'une heure et demi et Stephan Zenger, le vice-président de la Cour des affaires pénales, suspendait l'audience à 10h30 pour trancher les questions posées par l'absence de l'un des prévenus, l'homme d'affaires grec Konstantinos Nteris, dit Dinos Deris, accusé d'instigation à gestion déloyale aggravée et de corruption active. Cependant deux des trois accusés se sont présentés devant la cour. Cette dernière s'est retirée jusqu'en début d'après-midi pour débattre des conséquences de cette absence. Après avoir entendu les parties, la Cour des affaires pénales s'est retirée afin de décider des conséquences de ce défaut. Elle a considéré trois alternatives : convoquer à nouveau le prévenu lundi 21 septembre, poursuivre l'audience et juger l'absent par défaut ou encore disjoindre les affaires. Dans ce dernier cas, Jérôme Valcke ne répondrait dans ce procès que de ses relations avec Nasser Al-Khelaifi (NAK). D'ailleurs ces deux principaux prévenus, l'ancien secrétaire général de la FIFA (n°2 de la FIFA), le Français Jérôme Valcke, et le directeur de BeIN Media Group, le Qatari Nasser al-Khelaïfi (plus connu en tant que président du Paris Saint-Germain), sont bel et bien présents, malgré le coronavirus Covid-19 qui aurait prêté à s'absenter. «Un effort apprécié par la Cour», salue Stephan Zenger. Nasser al-Khelaïfi (NAK), le seul à garder son masque dans la salle, s'exprime en arabe, avec une traductrice. Il doit répondre d'instigation à gestion déloyale aggravée, Jérôme Valcke de gestion déloyale aggravée, faux dans les titres et corruption passive. Le troisième prévenu, l'homme d'affaires grec, absent a produit des certificats médicaux faisant état de deux interventions cardiaques, il répond d'instigation à gestion déloyale aggravée et de corruption active. Dans leurs plaidoiries, le Ministère public de la Confédération (MPC) et la FIFA, qui s'est constituée partie civile, ont exprimé la crainte qu'une partie des faits ne soit prescrite le 1er novembre. Selon l'accusation, l'affaire débute le 24 octobre 2013 au siège français de BeIN, par la promesse que le dirigeant qatarien achètera une villa en Sardaigne pour cinq millions d'euros, en accordera l'usage exclusif à Jérôme Valcke puis lui en cédera la propriété deux ans plus tard « si la confiance demeure ». En contrepartie, soutient le parquet, Jérôme Valcke s'est engagé à « faire ce qui était en son pouvoir » pour que BeIN devienne le diffuseur régional des Mondiaux 2026 et 2030. NAK conteste avoir acquis la « Villa Bianca » et assure qu'il n'a « jamais été question de l'offrir à Jérôme Valcke », selon ses avocats.