Des ex-militaires birmans ayant déserté ont reconnu des exactions à l'encontre de Rohingyas. Ils pourraient témoigner devant la justice internationale dans le dossier des crimes contre cette minorité musulmane. Deux militaires birmans ont livré des témoignages vidéos publiés par l'ONG Fortify Rights et le New York Times dans lesquels ils expliquent l'horreur des crimes commis contre la minorité musulmane birmane. Ils reconnaissent tous ce qui est reproché à l'armée, à savoir meurtres, viols, et autres crimes ayant visé les Rohingyas il y a trois ans, date de début de cette affaire retentissante qui a créé des millions de déplacés. Quelque 750.000 Rohingyas ont fui depuis août 2017 les exactions de l'armée birmane et de milices bouddhistes et s'entassent encore aujourd'hui dans d'immenses camps de fortune au Bangladesh voisin. Il s'agit de la première fois que des membres de la Tatmadaw, l'armée birmane, avouent de manière aussi détaillée des exactions à l'encontre de Rohingyas. Les deux anciens militaires expliquent en détails ce qu'ils ont vu ou encore à quoi ils ont participé en citant les noms et les grades de six commandants dont certains leur ont, selon eux, ordonné de « tirer sur tout ce que vous voyez et entendez ». Les témoignages des deux soldats ont été enregistrés, par une milice rebelle, l'Armée d'Arakan (AA), considérée comme un groupe terroriste par le gouvernement birman. Et c'est comme cela que l'armée birmane s'est défendue de ces accusations affirmant que leurs confessions ont été obtenues « sous la contrainte ». Myo Win Tun, 33 ans, et Zaw Naing Tun, 30 ans, sont bien d'anciens soldats, mais ils « ont été pris en otage » par les miliciens de l'AA, a réagi à la BBC le porte-parole de l'armée, le général de brigade Zaw Min Tun. Ils « ont été menacés et contraints de se confesser », a-t-il ajouté, mais un porte-parole de l'AA assure, les deux concernés ont « déserté » et « volontairement avoué les crimes de guerre ». Les deux hommes ont fui mi-août au Bangladesh puis ont été emmenés aux Pays-Bas, selon Fortify Rights. La Cour pénale internationale (CPI), qui siège à La Haye, a ouvert une enquête sur les atrocités commises à l'encontre des Rohingyas et l'ONG souhaite que les deux anciens soldats soient poursuivis. Dans ce même dossier, la Birmanie fait également face à des accusations de « génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l'ONU, au moment où Aung San Suu Kyi qui dirige le pays et qui a été prix Nobel de Paix, nie toutes accusations.