L'ancien président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a quitté dans la soirée de samedi la capitale Bamako pour des soins aux Emirats arabes unis, plus de deux semaines après son renversement par une junte qui a ouvert le même jour des consultations sur la transition. Un avion médicalisé pour transporter l'ancien président IBK (affrété par les EAU) a décollé vers 20h30 TU avec pour passagers IBK (75 ans), sa femme, son médecin et un proche. A son arrivée dans la capitale émiratie il sera admis dans un hôpital qu'il connaît bien à Abu Dhabi, puisqu'en juin dernier, il y avait déjà séjourné après pour une intervention chirurgicale. Son fils Bouba n'a pas été autorisé à l'accompagner. Le départ d'IBK, on s'en doute intervient en raison de son état de santé. En effet, il a été hospitalisé mardi 1er septembre à Bamako à la clinique Pasteur, un établissement privé. Il avait fait un accident ischémique transitoire, une forme d'AVC. Il avait pu regagner son domicile jeudi soir. Ce départ vers les EAU était attendu depuis plusieurs jours et d'ailleurs depuis sa libération par la junte au pouvoir actuellement au Mali, cette dernière, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), mission de l'ONU au Mali étaient en pourparlers pour l'envoyer se soigner. Au départ des négociations, selon un accord entre la junte et la CEDEAO, l'ancien chef de l'Etat renversé devait passer un mois à Bamako avant de songer à se rendre à l'étranger pour des soins. Mais devant l'urgence, les militaires ont dû faire contre mauvaise fortune bon cœur. La junte avant d'autoriser le déplacement a cependant demandé des garanties par écrit. Un courrier, signé par le patron de l'institution sous régionale, précise que si un jour la justice malienne a besoin d'IBK, il répondra « présent ». « Nous avons effectivement pour des raisons humanitaires accepté son départ mais à des conditions », a déclaré, sans plus de précisions, un responsable de la junte qui a renversé le 18 août le président Keita. Les militaires maliens au pouvoir sous la pression de la communauté internationale, et notamment des voisins ouest-africains, ont ouvert samedi à Bamako des concertations sur la transition, qui doivent se poursuivre jusqu'au 12 septembre. « Nous abordons une nouvelle histoire de notre pays. Cette étape cruciale nécessite une profonde réflexion et l'implication de l'ensemble des filles et des fils de la nation », a déclaré à l'ouverture des travaux Malick Diaw, numéro deux du « Comité national pour le salut du peuple » (CNSP) mis en place par les putschistes. Cependant ces concertations se font sans la présence de nombre de représentants de la société malienne et notamment celle plus que remarquée de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), l'ex-rébellion à dominante touareg, partie prenante des accords de paix de 2015. Cette dernière jugeant dans un communiqué que « les mesures de confiance nécessaires à la construction d'un partenariat pour des responsabilités partagées ne semblent pas d'actualité ». Aussi, la CMA « ne saurait cautionner aucun processus sans concertations participatives et consensuelles ». Tout est dit à la junte dont la marge de manœuvre semble se rétracter de plus en plus au fil des évènements au Mali.