Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a décrit les accusations d'espionnage portées par Amnesty Internationale contre le Maroc sont d'infondées, et reproche à cette organisation « d'avoir failli au devoir de neutralité et d'objectivité ». « Loin d'être dans une dynamique de dialogue, ils ont mené une véritable campagne médiatique sur la base d'accusations infondées, induisant plusieurs médias et journalistes dans l'erreur », a déclaré Bourita dans un entretien au journal suisse « Tribune de Genève ». « C'est énorme et totalement faux. Nous rejetons ces accusations sans équivoque« , a-t-il affirmé. Amnesty International a « tenté de faire le lien dans leur document entre le Maroc et NSO. Or aucune évidence ne vient établir et prouver un quelconque lien. Et jusqu'à présent, les semaines passent sans qu'ils ne puissent étayer leurs dires par des données vérifiables ou des preuves. Ils affirment que seuls les Etats peuvent pirater les téléphones en utilisant les réseaux qu'ils contrôlent via les opérateurs de téléphonie. Mais aujourd'hui, les appareils qui permettent d'imiter le signal des réseaux et de pirater les téléphones mobiles sont vendus en ligne, » a-t-il expliqué. Pour le ministre, « il y a également le ton utilisé, dans leurs publications et leurs tweets. Nous ne pensons pas que le «name and shame» soit la meilleure manière de faire progresser les choses, si tenté soit-il que c'est là l'objectif ». Précédemment, les autorités publiques marocaines ont réfuté catégoriquement les allégations contenues dans le dernier rapport d'Amnesty International (AI), appelant cette dernière à apporter les preuves étayant sa teneur. Les autorités réfutent aussi le fait d'avoir été contactés par Amnesty International. « Amnesty parle sans preuves » Selon Bourita, la réponse du secrétaire générale par intérim de l'organisation « ne répond pas à nos questions. Ce que nous attendions, c'est un rapport détaillé étayant les allégations d'espionnage. Nous avons requis un accès à la chaîne de traçabilité du téléphone en question, incluant le software et le hardware, afin que les autorités marocaines compétentes puissent faire leur contre-enquête en bonne et due forme. Car tout un travail s'impose afin de comprendre comment le piratage a pu se faire« . « Si quelqu'un écoute nos citoyens, a fortiori quelqu'un d'externe, nous devons savoir de qui il s'agit. Aujourd'hui, force est de constater qu'Amnesty n'est pas en mesure d'apporter la moindre preuve. Et nous ne sommes pas les seuls à le dire. Le tribunal de Tel-Aviv a rejeté lundi la plainte déposée par Amnesty contre l'entreprise NSO en justifiant cette décision par l'incapacité d'Amnesty à prouver que le logiciel était utilisé par leur gouvernement. Un autre cas où Amnesty parle sans preuves », a-t-il ajouté. « Tout cela fait planer de sérieux doutes sur leur méthodologie. Et le Maroc ne cédera pas à ce chantage », a-il-précisé. Dans ce sens, Bourita réaffirme que le Maroc n'a pas de problème avec la liberté d'expression. « Nous n'attendons pas d'être ménagés, encore moins flattés, mais les réformes entreprises par le Maroc dans le domaine des droits de l'homme ont été empreintes de courage et d'ouverture », a-t-il souligné. Tout en précisant que le Maroc ne « fait que demander des preuves, ou des excuses » à l'organisation, le ministre a indiqué que » pensons qu'au fond, Amnesty n'a pas les intérêts du Maroc à cœur, ni ceux de ses citoyens ou de ses institutions ». « Notre trajectoire n'est pas parfaite mais nous avançons sereinement par rapport aux attentes de nos citoyens. Cependant, le Maroc est en droit de souhaiter une interaction fondée sur le respect, et c'est ce que nous exigeons d'Amnesty », a-t-il soutenu.