Rachid Boufous, un architecte et urbaniste marocain n'est pas inconnu du débat public pour ne pas s'en laisser conter. Dans son domaine, l'édifice, souvent il s'insurge contre tout ce qui va à l'encontre de sa vision de la conception ou de la réalisation de la chose. Son dernier coup de gueule, il est dans Facebook. Rachid Boufous violenté dans son œil d'urbaniste par les « travaux de restauration » qui sont actuellement en train d'être effectués aux Oudayas à Rabat et notamment avec la reconstruction du café Maure, « rasé avec tous ses symboles, pour la circonstance » en appelle à la Culture, à l'Urbanisme, l'Unesco, au Conseil National et le Conseil Régional de l'Ordre des Architectes, à Rabat-Salé mémoires… enfin, à tous ceux qui veulent bien l'entendre. Un Patrimoine en Perdition… « Je viens de recevoir des photos ahurissantes des travaux de réhabilitation de la médina et d'une partie des Oudayas. Cela concerne la mythique Rue des Consuls, de Souk Sebbat et du café maure des Oudayas. Au vu de ces images, ce n'est pas une réhabilitation mais un saccage en bonne et due forme du patrimoine de notre chère ville de Rabat. Le célèbre café maure, meilleure vigie offrant une vue unique sur l'oued Bouregreg et son embouchure a été tout bonnement détruit, pour soi-disant être reconstruit à l'identique. Sans concertation avec la population. Le plan d'aménagement de la Casbah des Oudayas a été soumis à enquête publique, comme l'exige la loi, tenez-vous bien, en plein mois de juin, en plein confinement et état d'urgence sanitaire. De l'autre côté, la rue des Consuls et les autres ruelles de la vielle Médina, y compris Souk Sebbat, ont été couvertes par une espèce de structure en bois, soutenue par des piliers métalliques, sans tenir compte des modénatures, ouvertures et arcatures existantes, dans un acte de réhabilitation hideux et de très mauvaise facture. L'horreur absolue… Ailleurs dans la ville, la gare de Rabat-ville avec son espèce de cage de ferraille qui l'englobe, va finir par enlaidir le centre de la métropole, dans une agression sans précédent envers le patrimoine urbain de la capitale, ne respectant même pas la règle de NON ALTUS TOLENDI, interdiction stricte de dépasser la hauteur de la muraille de Rabat, qui fut le premier monument classé au Maroc dès 1914… Le dernier classement entrepris par le ministère de la culture, date du ministre Achaari, il y'a plus de dix ans… La capitale du Royaume subit actuellement une agression sans nom dans son patrimoine millénaire et on ne dit rien. Où est passée l'Association Rabat-Salé-Mémoire, censée défendre le patrimoine de la capitale ? Où est passé le Ministère de la Culture, censé veiller à la préservation des mouments historiques ? Où est passée la Direction de l'Architecture relevant du Ministère de l'Urbanisme, censée avoir un avis régalien à donner sur tout ce qui se construit ou se rénove ? Où est passé le Conseil National et le Conseil Régional de l'Ordre des Architectes, censés s'élever contre ce genre d'agressions architecturales ? Où est passée la société civile R'batie, notamment l'Association Ribat Al Fath, censée défendre le patrimoine de Rabat ? Où est passée l'UNESCO, qui a octroyé un classement au patrimoine de l'humanité à la ville de Rabat ? Tous les acteurs liés au patrimoine architectural, urbanistique semblent être aux abonnés absents, motus et bouche cousue. On détruit et on dénature notre patrimoine ancestral, devant nos yeux, et personne ne pipe mot… Rabat, ville lumières est aujourd'hui devenue une ville sombre, perdant les unes après les autres les belles lueurs qui l'illuminaient jadis… Je suis amer et en colère face à ces agressions multiples et répétées contre le patrimoine, en perdition, de ma ville et du pays… ». Rachid Boufous Architecte-Urbaniste