La Tunisie a sombré, depuis quelques semaines, dans les affres d'une crise politique étouffante et sans précédent, qui menace les assises même de l'Etat tunisien. Le Chef du gouvernement Elyes Fakhfekh a annoncé, dans un communiqué publié hier lundi 13 juillet sur la page officielle de la présidence du gouvernement, que des modifications dans la composition du gouvernement vont être effectuées. Ces modifications viennent suite à la décision du retrait de confiance d'Ennahda lors d'une réunion tenue dimanche par le Conseil de la Choura d'Ennahda. Dans ce sens, il a regretté le peu d'intérêt accordé par le parti islamiste conservateur à la stabilité des institutions de l'Etat et de l'économie nationale, déjà affaiblie par les répercussions de la pandémie du coronavirus (Covid-19) et par les crises structurelles à répétition. Le parti, selon le communiqué du Chef de gouvernement en totale contradiction avec ses engagements contractuels, aurait, en effet, profité de l'affaire (en justice) dite conflit d'intérêt et impliquant Elyes Fakhfekh pour servir ses intérêts politiques au détriment de ceux de l'Etat, d'où ces changements. A travers ce retrait Ennahda cherche à démarrer des concertations avec la présidence et les organisations nationales en vue de former un « nouveau paysage politique ». A ce titre, Rached Ghannouchi fondateur et chef d'Ennahda a lancé une initiative « Carthage 3 ». C'est une formule pour introduire une autre combinaison hybride d'une coalition autour d'un nouveau gouvernement. En agissant ainsi, Rached Ghannouchi piétine sur les plates-bandes du président de la République de Tunisie Kaïs Saïed. Ce dernier ne s'en est pas laisser conter. « Parler de concertations au sujet de la composition d'un nouveau gouvernement relève de la calomnie et vise à induire en erreur l'opinion publique », a dénoncé pour sa part le Président tunisien en réaction à cette décision du parti islamiste. « Je n'accepterai aucune concertation avec qui que ce soit tant que le chef du gouvernement actuel exerce toutes ses prérogatives et que sa situation juridique reste en l'état », a-il prévenu. Kaïs Saïed s'exprimait lundi au cours d'une audience avec le chef du gouvernement en présence de Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'influente centrale syndicale, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Dans une vidéo publiée par la présidence de la République sur sa page officielle Facebook, le Président de la République a expliqué que « si le chef du gouvernement actuel démissionne ou s'il fait l'objet d'une motion de censure au parlement qui donnerait lieu à un retrait de confiance, à ce moment-là, le président de la République pourrait entamer des concertations, mais en dehors de cette hypothèse, il n'y aura pas de concertations », affirmant qu'il n'accepte ni chantage ni marchandage, relevant que sa « position reste toujours la même ». « Je refuse les manigances dans les chambres obscures », a mis en garde le chef de l'Etat tunisien, expliquant qu'il n'y a rien dans le texte de la Constitution qui légitime de mener des concertations ou d'organiser des rencontres sur le futur chef de gouvernement. Il s'agit d'un « remaniement ministériel qui tient compte de l'intérêt supérieur de la patrie et sera annoncé dans les prochains jours », a-t-il précisé dans une déclaration publiée sur la page Facebook de la Présidence du gouvernement tunisien. Le président de la République, Kaïs Saïed en remettant les choses en place a tenu donc à adresser un message fort et claquant à l'endroit du président du parti islamiste qui prétendait, lors de la conférence de presse tenue après la réunion du Conseil de la Choura d'Ennahda, qu'il allait entamer des négociations avec lui et des organisations nationales, en vue de former un nouveau gouvernement.