Dans une édition « spéciale coronavirus » sur LCI, concernant les éventuelles pistes alternatives à la chloroquine pour traiter les patients atteints ou pas encore par le Covid-19, notamment le BCG (vaccin), Jean-Paul Mirat qui est le chef de service de réanimation de l'hôpital Cochin s'est permis de poser une question « provocatrice » et purement « raciste » à l'invité de l'émission par téléconférence, le professeur Camille Locht, directeur de recherche à l'INSERM. Dans un premier temps, ce dernier s'exprimer sur les capacités du BCG a protégé contre les maladies respiratoires autres que tuberculose, et qui selon lui, ont été montré sur « d'autres maladies que le Covid-19, notamment pour la grippe dans un certain nombre d'études épidémiologiques. Mais également dans les études expérimentales » et suppose donc « qu'il peut être un espoir pour le Covid-19 aussi ». « Aujourd'hui toute une série d'essais qui se font dans plusieurs pays dans le monde, notamment en Europe, y compris j'espère en France, quelque chose qu'en essaie de mettre en place. Un grand essai clinique se fait actuellement en Australie. Et l'idée c'est de faire une étude contrôlée par placebo, c'est-à-dire que la moitié des sujets qui entrent à l'étude vont recevoir le BCG et l'autre moitié va recevoir le placebo. Et à la fin de l'étude, on va essayer de voir si ceux qui ont reçu le BCG sont moins souvent malades ou moins gravement malades que ceux qui ont reçu le placebo » explique-t-il. Il poursuit que « l'idée est d'utiliser le vaccin plutôt au début voir même avant que les personnes ne soient affectées, pour voir est-ce que le BCG prévient dans une certaine mesure l'infection, et si malgré tout, les personnes sont infectées, voir est-ce qu'il atténue plus au moins la pathologie ». Suite à ses explications, Jean-Paul Mira est intervenu en notant qu'en France les gens sont « tellement protégés quand ils sont exposés », et qu'il va falloir un nombre considérable de malades pour voir une différence. Sur ce point, vu « qu'il y a d'autres stratégies qui apparaissent », le chef de service de réanimation de l'hôpital Cochin, pose la question suivante au professeur Locht : « Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n'y a pas de masque, pas de traitement, pas de réanimation. Un peu comme ce qui s'est fait d'ailleurs dans certaines études pour le Sida chez les prostituées qui sont hautement exposées et ne se protègent pas. Qu'est-ce que vous en pensez ? » Le Club des Avocats au Maroc décide de recourir à la justice Une question jugée « raciste » par un grand nombre d'internautes africains, notamment des Marocains. Elle a suscité une réaction à chaud d'une association d'avocats du Maroc qui a décidé de porter plainte contre Jean-Paul Mira et la chaîne LCI. En effet, dans sa page Facebook, le Club des Avocats Au Maroc a décidé de porter plainte pour diffamation raciale auprès du Procureur de la République française, suite aux propos jugés « abjects, haineux et racistes » prononcés sur la chaîne d'information LCI par le chef du service de réanimation de l'hôpital Cochin à Paris, le Pr Jean-Paul Mira. Selon le club des avocats au Maroc, et qui est une association qui rassemble près de 500 avocats de la métropole, la plainte sera déposée par Me Mourad Elajouti et Me Said El Maâch, tous deux avocats au Barreau de Casablanca. Joint par Hespress Fr à ce sujet, Me Mourad Elajouti nous a confirmé que la plainte sera portée contre la chaîne LCI et le chef de service de réanimation à l'hôpital Cochin en France et peut-être bien contre professeur Locht également. « Il y a une convention judiciaire franco-marocaine de 1958 qui permet aux avocats inscrits aux barreaux marocains de représenter les parties dans les mêmes conditions que les avocats français. Après, il y a l'infraction, qui existe dans la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, alinéa 32 et alinéa 33, qui parle de diffamation et d'injure raciale. Et la sanction c'est un an de prison ou amende pour la personne qui a tenu ses propos et 45.000 euros d'amende pour la chaîne en question » nous explique-t-il. S'agissant de la chaîne LCI, notre interlocuteur précise qu'ils vont la poursuivre également auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en France. Pour la procédure que les deux avocats marocains veulent entreprendre, il s'agit selon Me Elajouti de porter plainte devant le doyen de juge d'instruction avec constitution de partie civile, ou par la citation directe devant le tribunal correctionnel en France, à Paris. « La citation directe, c'est quand on a assez de moyens et de preuves, à ce moment-là on peut faire cette citation directe, et la personne est directement convoquée. Il faut que les preuves soient suffisamment consistantes pour qu'il n'y ait pas d'instruction », explique-t-il. Il y a aussi une jurisprudence de la chambre criminelle de la Cour de cassation, poursuit-il, et qui permet aux associations qui se trouvent à l'étranger de se constituer partie civile, comme le cas du Club des avocats du Maroc, et de porter plainte devant la justice française. Vu que les frontières sont actuellement fermées entre les deux pays, Hespress Fr a interrogé Me. Elajouti sur la manière avec laquelle ils comptent procéder. Il nous indique ainsi qu'ils ont reçu le soutien de beaucoup d'avocats franco-marocains, français et africains résidant en France. « Nous allons déposer cette plainte via un confrère en France, Faher Younes, un pénaliste franco-marocain qui nous ont beaucoup aidés depuis le début » nous dit-il, et qu'il remercie d'ailleurs, soulignant qu'il a décidé, auprès de Me El Maâch de porter plainte contre Jean-Paul Mira et LCI, juste après la fin de l'émission puisqu'il fallait, selon lui, « une réponse logique et civique et une suite juridique à ses propos racistes ».