Le comité de soutien aux familles des détenus du Hirak du Rif organise, du vendredi 13 mars à partir de 19h au samedi 14 mars à 19h, une journée de solidarité avec les détenus politiques en grève de la faim, qui ne sont autres que Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik, figures de proue du « Hirak di Rif » et en grève depuis déjà 22e jours. Il s'agit d'une initiative d'anciens détenus politiques, de militants des droits civiques et des droits de l'homme, qui organisent cette journée de solidarité au siège central du Parti socialiste unifié (PSU) avec une grève de la faim qui est également prévue. Les participants passeront la nuit dans les locaux du PSU avec au programme trois réunions ouvertes autour de trois thématiques, notamment les récents procès d'opinion, une lecture du dernier rapport du CNDH sur les événements d'Al Hoceima et des témoignages d'anciens détenus politiques. Jointe par Hespress Fr au sujet de la grève de la faim observée par les détenus du Hirak, Khadiha Ryadi, lauréate du Prix des Nations Unies pour les droits de l'homme et ancienne présidente de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), rappelle que les grévistes « ont décidé d'entamer le combat des ventres vides comme dernier recours pour faire entendre leurs doléances« . « Les revendications formulées par les détenus du Hirak, qui sont actuellement en grève de la faim, sont très simples. Cela fait partie des droits élémentaires d'un détenu, quel que soit son type. Mais c'est encore pire, quand il s'agit d'un détenu d'opinion reconnu par les ONG internationales », s'indigne-t-elle. Pour la militante, « la grève de la faim est le dernier recours qui reste aux prisonniers quand toutes les portes sont fermées devant eux, et toutes les tentatives pour faire entendre leur voix échouent. Donc ils entament la grève de la faim, qui n'est absolument pas une partie de plaisir ». S'agissant des revendications des détenus du Hirak, à savoir l'amélioration de la qualité de la nourriture et des soins médicaux au sein de la prison ou encore la visite de personnes autres que les membres leurs familles, Khadija Ryadi appelle les autorités à répondre favorablement à ces demandes qu'elle estime « légitimes et élémentaires« . « Les autorités sont obligées de répondre aux revendications des détenus, et à ouvrir un dialogue avec eux pour savoir quels sont leurs problèmes, sachant que leurs revendications sont simples et élémentaires, tel que recevoir des revues, des livres, accéder aux soins, recevoir les amis et la famille…», argumente-t-elle. Et d'ajouter que la grève de la faim est une « forme de riposte et de lutte. C'est comme pour dire on est prêt à tout abandonner pour nos droits fondamentaux. C'est un moyen de résister». Le rapport du CNDH, un blanchiment des violations de l'Etat Khadija Ryadi a, par ailleurs, livré une première « évaluation » du rapport CNDH sur les événements d'Al Hoceima, soulignant néanmoins que « déjà, personne n'a lu le rapport en entier, puisqu'il n'a pas été publié dans son intégralité ». Mais elle estime que rien que le résumé qu'elle a lu montre que ce rapport et pire que ses prédécesseurs. « Ce rapport est un blanchiment des violations graves que l'Etat a commises contre les détenus du Hirak. C'est une répétition et une reprise des rapports de la police. C'est un rapport policier et non un rapport d'une institution des droits de l'Homme. Le rapport a même nié des faits que le CNDH lui-même a publié dans son rapport sur la torture », fait-elle remarquer. Pour Ryadi, il s'agit-là d'une « tentative de désinformation qui ne réussira pas, parce que le monde entier est au courant aujourd'hui de ce qui se passe, et de ce qui s'est passé au Maroc ». « Je crois que le Maroc après les années 2004-2005 et même 2011, a réussi à donner une fausse image de la situation des droits humains dans le pays. Il a réussi à induire beaucoup d'institutions internationales en erreur en faisant croire que le Maroc a fait une transition démocratique, en créant notamment l'instance Equité et Réconciliation (IER) et en indemnisant les victimes», a-t-elle souligné. Mais, poursuit la militante, « nous sommes restés vigilants« . « On s'est dit qu'il ne suffit pas juste de donner des recommandations et des conclusions, mais de les appliquer, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Les institutions internationales, mêmes les plus grandes ONG internationales et dont la crédibilité et reconnue de par le monde, observent que malgré toutes les recommandations annoncées, sur le terrain c'est tout à fait le contraire. Actuellement, il y a énormément de prisonniers d'opinions, il y a encore de la torture et de l'impunité, la défaillance des droits socio-économique», a-t-elle conclu.