Le décès de l'infirmière Radoua Laâlou dans un tragique accident d'ambulance, le 18 février courant, a suscité la tristesse, mais aussi la colère, de l'ensemble des professionnels de la santé. Alors que la jeune infirmière, fraichement recrutée, devait accompagner une patiente depuis la ville d'Asa Zag (Guelmim) vers l'hôpital Hassan II d'Agadir, soit plus de 300km, cette dernière a perdu la vie ainsi que la mère de la patiente lors d'un tragique accident. Pour exprimer leur indignation mais aussi leur soutien à tous les infirmiers, «victimes du vide juridique», qui ont risqué leur vie et continuent de le faire au nom du devoir, le mouvement des infirmiers et techniciens de santé au Maroc (MITSM) a organisé une marche nationale ce samedi 29 février à la capitale du Royaume, allant du ministère de la santé jusqu'au Parlement. Photo : Mounir Mehimdate Ils ont, dans un premier temps, observé un sit-in de protestation devant le ministère de la santé, pour faire entendre à leur tutelle leur colère pour «l'anarchie et les conditions impitoyables de travail des professionnels du secteur» mais aussi «l'absence de toute réglementation spécifique à leur profession en tant qu'infirmiers et techniciens de santé». Selon Youness. J, membre du MITSM, «ce n'est pas la première fois qu'un(e) infirmier(e) perd la vie sur les routes du Royaume en accomplissant son devoir, ou carrément s'expose à un handicap permanent ». Il cite à cet égard plusieurs noms, notamment «Imane Oublouch décédée en février 2012, Mohamed Azirar, décédé en décembre 2015 ou encore Saadia Jidour décédée en novembre 2017, sans oublier le reste des victimes qui souffrent jusqu'à présent d'handicaps permanents ou de graves fractures ». Photo : Mounir Mehimdate Tout en rappelant les « victimes du devoir« , notre interlocuteur nous explique que « l'infirmier marocain, à qui est confiée la tâche d'accompagner les patients dans les transports de santé et dans des conditions difficiles, ne dispose pas des conditions minimales de sécurité, en ce sens que l'ambulance en question devait parcourir 300 kilomètres alors qu'elle n'est même pas équipée des conditions de sécurité les plus basiques. Elle ne dispose même pas d'une ceinture de sécurité». Cette opération de transport de patient est « non réglementée », fait-il valoir. De son côté, le MITSM souligne que les infirmiers sont dans « un état de tristesse mêlé à la grave congestion qui a assombri la pratique au sein du corps infirmier (...) du fait de l'aggravation des accidents du travail, entre décès, blessures, handicaps permanents et procès judiciaires injustes, sans la moindre reconnaissance morale ou matérielle du ministère de tutelle, qui continue de faire montre de déni et de procrastination en réponse aux six doléances des infirmiers et techniciens de santé ». Photo : Mounir Mehimdate Le mouvement des infirmiers et techniciens de santé blâme ainsi non seulement le département de Khalid Ait Taleb, mais également le gouvernement concernant les accidents liés aux transports de santé, estimant que « ce service connait un énorme vide juridique, outre des équipements catastrophiques, ainsi qu'une pénurie dans les ressources humaines et l'absence de quelques spécialités importantes au niveau des hôpitaux régionaux qui font du transport de santé une solution alternative de rafistolage et dont payent la facture les cadres infirmiers et les patients ». Photo : Mounir Mehimdate