La sécurité des femmes et des filles dans les espaces publics étant au cœur du forum mondial d'ONU Femmes, plusieurs gouvernements locaux et nationaux, en plus des défenseurs des droits des femmes et des membres de la société civile sont réunis du 26 au 28 février à Rabat. Ils échangent et réfléchissent à des approches stratégiques et efficaces visant à rendre les espaces publics sûrs et à renforcer l'autonomisation des femmes et des filles. Plus de 200 dirigeants et experts de plus de 20 pays son actuellement Rabat pour les travaux du 5e Forum mondial des leaders pour des villes et des espaces publics sûrs. L'événement, organisé conjointement par le Conseil de la ville et ONU Femmes s'inscrit dans le cadre de la commémoration des 25 ans de l'adoption de la visionnaire « Plate-forme d'action de Pékin ». Adoptée en 1995 dans la capitale chinois, elle désigne 12 domaines prioritaires d'intervention qui requièrent une attention et une action particulière de la communauté internationale, des gouvernements et de la société civile, contenant des recommandations et des objectifs clairement formulés pour améliorer la situation des femmes. Et le gouvernement marocain est signataire de cet accord transversal. Directrice exécutive d'ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka a assuré que ce raout mondial « s'articule autour d'approches intégrées et pratiques pour mettre fin au harcèlement sexuel et aux autres formes de violence contre les femmes et les filles dans les espaces publics« . Les études onusiennes révèlent en effet que les femmes et les filles sont souvent confrontées au harcèlement dans les rues, les bus, les marchés et autres espaces publics dans les villes du monde entier. Dans des régions de plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, cette étude a révélé qu' »entre 40 et 60% des femmes ont déclaré avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel dans la rue, principalement en ayant reçu des commentaires à caractère sexuel, en ayant été traquées ou suivies, ou longuement fixées ». En Union européenne, c'est une femme sur dix à avoir déclaré être victime de « cyber-harcèlement » depuis l'âge de 15 ans. Un indicateur qui comprend, selon cette étude, les courriels ou les SMS sexuellement explicites non désirés et offensants, ainsi que les avances offensantes et inappropriées sur des sites de réseaux sociaux. « Le harcèlement sexuel est une problématique liée à l'inégalité entre les sexes et constitue une violation des droits de l'homme« , a dénoncé Phumzile Mlambo-Ngcuka, expliquant que ce fléau « inclut des actes constitués de remarques et de blagues sexuelles importunes, de prise et la diffusion de photographies à caractère sexuel, d'attouchements agressifs et de viols ». Elle rapporte sur ce point que « les survivantes ont demandé que le harcèlement soit reconnu comme une forme de violence et d'abus de pouvoir« . « Le Forum de ces trois jours rassemble différentes générations et différents secteurs, en mettant l'accent sur une réflexion innovante qui fait de l'égalité des sexes la condition fondamentale de villes sûres et durables pour toutes et pour tous », a en outre indiqué la directrice exécutive d'ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka. L'événement se déroule en présence des élus de la capitale, dont le maire de Rabat, Mohamed Sadiki qui a notamment relevé que la ville « a noué des partenariats multisectoriels pour prévenir toutes les formes de violence dans les espaces publics et privés, et s'est engagée à mobiliser les efforts, l'expertise et les capacités pour assurer le succès et maintenir les résultats de son programme Ville sûre pour les femmes et les filles« . Sur le plan institutionnel, le Ministère de l'Intérieur, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) le Ministère de l'Aménagement du Territoire National, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la Ville, la Direction Générale des Collectivités Territoriale (DGCT), l'Agence espagnole de coopération internationale au développement, le gouvernement du Canada et le Comité national allemand pour ONU Femmes ont apporté leur soutien au Forum. Notons que la capitale du Royaume a été la deuxième ville du Maroc à rejoindre l'initiative mondiale « Villes et espaces publics sûrs » d'ONU Femmes, après Marrakech en 2015.