Moins de trois mois après la démission d'Evo Morales à l'issue d'une réélection contestée par la rue, une nouvelle course présidentielle débute en Bolivie. Le scrutin aura lieu le 3 mai. Les Boliviens auront à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés. Pour devenir président dès le premier tour de la présidentielle, il faudra obtenir 40% des voix et dix points d'avance sur le second postulant le plus immédiat, sinon, un second tour sera obligatoire le 14 juin pour départager les deux premiers. Pour planter le décor de cette course, ce ne sont pas moins de six binômes (président-vice-président) tous des « anti-Morales » qui se lancent dans une course sous le signe d'un « sus aux pro-Morales » (Luis Arce/ David Choquehuanca) le binôme du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti de l'ancien président en exil en Argentine) qui part largement favori avec près du tiers des intentions de vote (31,6%). Les deux hommes ont été choisis par Evo Morales, lui-même, qui s'est nommé directeur de campagne depuis son exil dans l'Argentine péroniste. Morales a jeté son dévolu sur son dauphin, Luis Arce, pour la présidence. Il a été l'un de ses anciens ministres de l'Economie. Luis Arce est un blanc, formé dans une université britannique. On lui attribue la bonne santé de l'économie sous l'ère du président déchu. Son colistier sera David Choquehuanca, un ancien ministre des Affaires étrangères. Cet indigène est soutenu par la base historique du MAS (cultivateurs de coca, de travailleurs pauvres, majoritairement indigènes...). En face, loin d'être un front uni, on a, ceux-là même qui ont précipité la chute d'Evo Morales. Ils devront lutter afin, de ne pas sombrer à 10 points du binôme socialiste engagé pour reconquérir le pouvoir et espérer un second tour qui peut-être les unira. Parmi ces candidats, Jeanine Añez, sénatrice de droite promue présidente par intérim, ouvertement évangéliste, qui pourtant se disait ne briguer aucun mandat à la tête de l'Etat. Elle figure en troisième position avec (16,5%) d'intention des votes, selon le sondage de l'institut Ciesmori. Elle aura pour principal rival à la seconde place qualificative on va dire, l'ex-chef de l'Etat (2003 à 2005), le centriste Carlos Mesa (17,1%) et Luis Fernando Camacho, avocat catholique à l'extrême droite de l'échiquier politique. Ce dernier est un néolibéral favorable à « l'oligarchie blanche » comme la présidente par intérim. Il ne recueille que 9,4% des intentions de vote au niveau national, quoiqu'il soit en tête dans la région de Santa Cruz (est), la plus développée du pays. Chacun de ces trois candidats ont pour seul enjeu que d'être au second tour afin de disputer la magistrature suprême au binôme du MAS. La victoire de ce dernier signifierait pour l'ancien chef de l'Etat poursuivi en Bolivie pour « terrorisme » et « sédition », un éventuel retour au pays. Autre possibilité pour ce faire, que le nouveau tribunal suprême électoral, lui valide, en ce mois, sa candidature surprise au siège de sénateur de Cochabamba.